La Peau de Chagrin de Balzac, résumé et biographie, parcours romans de l'énergie, bac de français
Peau de chagrin est un roman de Balzac de 1831 au programme du bac de français. Dans cette vidéo, Tanguy te propose un résumé détaillé de l’œuvre, présente son auteur Balzac, le contexte historique ainsi qu’une première approche du parcours “les romans de l’énergie” gravitant autour de l’énergie créatrice et destructrice. De quoi bien réussir ses dissertations ou un oral sur l’œuvre ! On espère que cette base te permettra de bien préparer tes fiches de révision durant la première !
Introduction
Peau de chagrin est un roman de Balzac publié en 1831.
Un jeune homme au bord du suicide met la main sur une peau de chagrin qui a le pouvoir d’exaucer tous ses vœux, mais qui lui retire une part de son énergie vitale à chacun de ses désirs.
C’est le premier roman de Balzac à connaître un énorme succès, le présage de l’immense carrière de celui qui sera la source d’inspiration du Réalisme.
- Qui est Balzac ?
- Contexte historique de l’œuvre
- Résumé
- Le parcours “les romans de l’énergie : création et destruction”.
I. L’Auteur, Balzac
Balzac est né en 1799 dans la ville de Tours.
Son père est un athée et voltairien tandis qu’il perçoit sa mère comme quelqu’un d’amoral. Il sera plutôt conservateur et même assez religieux. Cependant, cette enfance lui permet de connaître des milieux qu’il pourra explorer plus tard dans ses ouvrages.
Le reste de sa vie ressemble beaucoup à celle de son personnage dans Peau de chagrin, j’ai nommé Raphaël de Valentin. Comme son personnage, il va aller à Paris pour suivre des études de droit, puis il va se rendre compte qu’il n’a ni les codes ni les moyens de la haute société qu’il va y fréquenter.
De même, comme son personnage, il va s’intéresser à d’autres domaines que le droit, notamment l’histoire naturelle, qu’il découvre grâce à un auteur comme Buffon en 1818. Il décide d’arrêter le droit pour se lancer corps et âme dans la littérature. Il va commencer par une tragédie, Cromwell, qui est souvent considérée comme assez médiocre. Il va également s’atteler à l’écriture d’un traité philosophique, le traité sur l’immortalité de l’âme, et là encore on peut établir un parallèle avec Raphaël.
D’ailleurs, il écrira lui-même dans une lettre à Eve Hanska en 1846 : « à 18 ans, je quittais la maison paternelle et j’étais dans un grenier, y menant la vie que j’ai décrite dans Peau de chagrin. »
En 1822, il découvre un ouvrage qui va profondément l’influencer, “l’Art de connaître les Hommes par leur physionomie” du théologien et pseudo-criminologue Lavater. À la suite de la lecture de cet ouvrage, il va chercher à faire des descriptions physiques de ses personnages qui peuvent traduire leur personnalité.
En 1826, il publie Physiologie du mariage, qui sera sa première œuvre à connaître un grand succès, surtout auprès d’un lectorat féminin. Cependant, il la publie anonymement.
Il devra attendre 1831 pour avoir son premier grand succès en son nom avec le roman Peau de chagrin. Cependant, il nourrit un rapport ambigu avec cette œuvre. En effet, il la rejette en partie, n’appréciant pas l’allure fantastique et mièvre, selon lui, qu’il a donnée à cette œuvre.
Malgré cela, il en dira également qu’il s’agit de « la clé de voûte qui relie les études de mœurs aux études philosophiques par l’anneau d’une fantaisie presque orientale où la vie elle-même est prise avec le Désir, principe de toute passion. »
Il prend une grande décision en 1833, celle de faire revenir régulièrement certains de ses personnages dans d’autres de ses romans, ce qui était très novateur pour l’époque. Il le fera dès l’année suivante, puisque son personnage Rastignac dans Le père Goriot était déjà présent dans Peau de chagrin. D’ailleurs attention à la chronologie, l’histoire du Père Goriot se passe avant celle de Peau de chagrin bien qu’elle ait été rédigée plus tard.
En 1840, il offre un nom à l’ensemble de sa fresque romanesque, La Comédie humaine, qu’il va diviser en trois thèmes essentiels : les études de mœurs, c’est-à-dire les études du comportement de l’homme en société, les études philosophiques, c’est-à-dire l’étude des causes du comportement humain, enfin les études analytiques, c’est-à-dire comprendre les origines de l’Homme et de la société.
Balzac est un véritable bourreau de travail, il va publier 91 romans dans sa carrière et parfois jusqu’à 12 romans la même année.
Pour rédiger ses ouvrages, il s’inspire de la réalité de la condition humaine. Pour cela, il s’intéresse à la façon dont de nombreux milieux différents vivent. Il veut en quelque sorte faire des romans qui sont à la frontière entre la littérature et l’histoire.
Deux citations intéressantes à ce propos. Il dira que « le hasard est le plus grand romancier du monde. Pour être fécond, il n’y a qu’à l’étudier. La société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire ». Selon la deuxième, très intéressante, « en dressant l’inventaire des vies et des vertus, en rassemblant les principaux faits des passions, en peignant les caractères, en choisissant les événements principaux de la société, en composant des types par la réunion des traits de plusieurs caractères homogènes, peut-être pouvais-je arriver à écrire l’histoire oubliée par tant d’historiens, celle des mœurs ». Cette citation illustre à quel point Balzac est un précurseur. En effet, il va falloir attendre un siècle plus tard pour que les historiens s’intéressent à l’histoire des mœurs et s’intéressent au fonctionnement de la société, à la façon dont chacun vivait en société. En quelque sorte, les ouvrages de Balzac -et plus tard Zola- seront une source d’inspiration pour tout un nouveau domaine de l’histoire.
Malgré tout son succès, Balzac sera poursuivi pour dette en permanence, car il dépense beaucoup plus qu’il ne gagne. C’est ainsi qu’il va souvent choisir des appartements avec deux entrées comme ça, si ses créanciers entrent par une porte, il peut fuir par l’autre ! Son personnage de Raphaël dans Peau de chagrin lui ressemble là encore ; en effet, Raphaël s’endette énormément pour vivre la grande vie : le luxe plutôt que la misère, le plaisir plutôt que le déplaisir, l’excès plutôt que les privations.
Si l’on veut rapprocher son style d’un mouvement, on peut dire qu’il empruntait certaines caractéristiques du Romantisme, bien qu’il rejetait assez largement ce mouvement-là, mais surtout il sera le père du Réalisme. En effet, le Réalisme existera plus tard, puisqu’il sera théorisé par Champfleury en 1857, cependant tous les réalistes considèrent que Balzac était leur grande source d’inspiration.
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II. Contexte historique
La période durant laquelle Balzac écrit est marquée par la Restauration de 1814 à 1830 et la Monarchie de juillet de 1830 à 1848.
La Restauration marque le retour de la royauté en France après la fin de l’Empire napoléonien. Deux rois vont se succéder : Louis XVIII, puis Charles X, qui sont tous les deux des frères de Louis XVI.
C’est un régime très ambigu, car par certains aspects il va être très conservateur (ainsi le catholicisme redevient la religion d’État), mais par d’autres aspects il va reprendre certains héritages de la Révolution française, notamment la conservation des Droits de l’Homme. En effet, Louis XVIII, à son retour au pouvoir en 1814, va faire rédiger une Charte constitutionnelle qui sera légèrement modifiée en 1815. Ce texte reprend les droits présents dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, mais avec une différence notable. La Déclaration des droits de l’Homme est une déclaration de droits naturels, c’est-à-dire que l’Homme par nature à ces droits-là, alors que dans la Charte constitutionnelle ces droits sont octroyés par le souverain, ce qui veut dire qu’en théorie le roi pourrait tout à fait les retirer à ses sujets.
Des élections sont organisées sous ce régime, mais elles sont ouvertes à très peu de personnes. C’est un système censitaire c’est-à-dire qu’il faut payer le cens, donc payer un certain niveau d’impôts, pour avoir le droit de voter. En l’occurrence, il faut être un Homme de plus de 30 ans payant 300 francs d’impôts par an, ce qui était énorme à l’époque. Seul 0,2% de la population française possède le droit de voter.
Cependant, Balzac était plutôt favorable à ce régime, car il a une vision paternaliste de la société, c’est-à-dire qu’il considère qu’une société est une grande famille et que le monarque est le père de famille, tandis que la religion catholique est l’assise morale de celle-ci. Pourtant, Victor Hugo lors des obsèques de Balzac dira que, malgré lui, celui-ci était un révolutionnaire, car il dénonçait la misère du peuple et parce et qu’il avait un œil aguerri sur la société qui lui permettait d’en révéler toutes les faiblesses.
Les 27, 28 et 29 juin 1830, auront lieu les Trois Glorieuses, une petite révolution qui met fin à la Restauration, donc fin au règne de Charles X. Elle va mettre en place un nouveau régime avec un nouveau roi, Louis-Philippe. Ce régime est une forme de monarchie parlementaire, mais très restrictive. En effet, le roi conserve beaucoup de pouvoir dans ce régime et le suffrage censitaire reste fermé à la majorité de la population : il n’y a que 1% de la population qui peut voter.
Balzac sera plutôt hostile à ce régime, car il le considère corrompu et offrant trop de pouvoir à la bourgeoisie et aristocratie capitaliste. C’est un régime qui voit l’émergence de nouveaux hommes d’État, des personnages souvent arrivistes, mais avec un certain talent. On peut penser à Thiers, qui prend la tête du Parti libéral. Ce Marseillais arrivé à Paris avec très peu de moyens va peu à peu gravir les échelons de la société en devenant journaliste puis homme d’État et il sera même président de la République beaucoup plus tard, en 1871. Balzac, qui n’apprécie pas beaucoup cet homme, bien qu’il lui reconnaisse certaines qualités, en fera la source d’inspiration de son personnage Rastignac, que tu trouves dans Peau de chagrin, mais qui est également le personnage le plus présent dans l’ensemble de la Comédie humaine. Ce personnage est présenté dans le Père Goriot au début de son ascension. Il lance à la fin de ce roman un triomphale « Paris, à nous deux » que Balzac va enchaîner avec une certaine ironie : « et pour premier acte du défi qu’il portait à la société, Rastignac alla dîner chez madame de Nucingen ». Ainsi, comme Thiers, Rastignac critique la haute société, mais baigne complètement dans celle-ci. Le parallèle ne s’arrête pas là : Balzac fait épouser à Rastignac la fille de son amante et protectrice, la baronne de Nucingen, l’année même où Thiers épousait la fille de sa propre protectrice.
Ce demi-siècle est marqué par la désillusion et le désenchantement, car de nombreux hommes avaient pris espoir après la Révolution et l’Empire, notamment en la possibilité de s’élever dans la société, mais la Restauration et la Monarchie de juillet retirent tous ces espoirs. Par ailleurs, il règne un certain ennui chez la plupart des hommes de l’époque, c’est ce qu’Alfred de Musset appellera le Mal du Siècle dans son œuvre Confession d’un enfant du siècle.
III. Résumé de l’œuvre
Le roman se compose de trois chapitres : le Talisman (1), la Femme sans cœur (2) et l’Agonie (3).
Chapitre 1 : Le Talisman
L’histoire commence en 1830, trois mois après la Révolution de juillet qui a mis au pouvoir Louis-Philippe. Un jeune homme mystérieux et désespéré -on apprendra plus tard qu’il s’agit de Raphaël- entre dans une salle de jeux et perd sa dernière pièce d’or.
Il ère alors dans les rues de Paris, prévoyant de se jeter dans la Seine une fois la nuit tombée. En se baladant ainsi, il entre dans le quartier des antiquaires. Là, il entre dans l’une des boutiques, tenue par un antiquaire mystérieux qu’il décrit comme « soit une belle image du Père Éternel, soit masque ricaneur de Méphistophélès », c’est-à-dire soit le bon Dieu, soit Méphistophélès, l’un des 7 princes des enfers, qui a tenté Faust dans la pièce de théâtre de Goethe joué en 1808, donc peu de temps avant Peau de chagrin et qui a forcément inspiré Balzac.
Cette boutique est emplie d’œuvres splendides qui amènent le jeune homme à confesser à l’antiquaire qu’il souhaite mettre fin à ses jours.
Celui-ci lui fait contempler alors une peau de chagrin avec une inscription en sanskrit :
« Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m’appartiendra. Dieu l’a voulu ainsi.
Désire et tes désirs seront accomplis, mais règle tes souhaits sur ta vie : elle est là !
À chaque vouloir, je décroitrais comme tes jours.
Me veux-tu ? Prends !
Dieu t’exaucera. Soit ! »
L’antiquaire met le jeune homme en garde contre cette peau de chagrin : un pacte avec celle-ci lui offrirait tout, mais elle décroitrait peu à peu et ainsi lui retirerait son essence vitale. Il fait l’éloge à Raphaël d’une vie sage et ascétique c’est-à-dire qu’en désirant peu, en se contentant de peu, l’Homme peut vivre de très belles expériences. Mais notre héros ne l’entend pas de cette oreille. Il veut vivre une vie de passion et d’excès, il veut une vie de jouissance remplie de femmes et de festins et, de plus, il ne croit pas encore vraiment au pouvoir de cette peau.
Mais la peau commence déjà son effet, bien que le jeune homme ne s’en rende pas encore compte. À peine sorti de la boutique, il croise quelques amis et le lecteur découvre enfin son nom, Raphaël de Valentin. Ceux-ci l’emmènent avec eux à une orgie chez le banquier Taillefer qui vient de créer son journal dirigé par tout un ensemble d’opportunistes.
Raphaël prend plaisir à cette orgie dans un splendide hôtel particulier avec de belles courtisanes dont il profite des caresses, notamment Aquilina et Euphrasie. C’est dans les bras de ces belles créatures que Raphaël se met à raconter à son ami Émile Blondet les raisons qui l’ont poussé à vouloir se suicider. Ce sera l’objet du second chapitre : la femme sans cœur.
Chapitre 2 : La Femme sans cœur
Ce chapitre est une longue confession que Raphaël offre à Émile. Il raconte son enfance dans une famille aristocratique. Mais sa mère meurt très tôt et son père distant le pousse à mener des études de droit qui le coupent du monde. Il se retrouve désargenté, car son père est criblé de dettes, ayant perdu les terres achetées durant l’Empire à la suite de la restauration de la Monarchie en 1815. Après la mort de son père, Raphaël doit revendre tous les biens de sa famille, sauf une toute petite île sur laquelle se trouve le tombeau de sa mère. Il s’installe alors dans une minuscule chambre tenue par Madame Gaudin et sa jeune fille Pauline, à laquelle il transmet toutes ses connaissances. Elle tombe, en secret, amoureuse de lui. Lui, bien qu’il se doute de son amour rejette ce type d’union, car bien qu’elle soit gentille, généreuse, belle, elle n’a pas le prestige et l’argent nécessaire à ses ambitions.
Dans cette chambre, il travaille deux œuvres littéraires : une pièce de théâtre et un traité philosophique (comme Balzac à ses débuts !).
En 1829, Raphaël rencontre Rastignac qui le pousse à abandonner cette vie modeste pour vivre la grande vie, connaître les bonnes personnes, car selon lui, c’est en connaissant les bonnes personnes qu’on peut parvenir au succès et non avec une bonne œuvre.
Mais n’exagérons pas : pour Rastignac, les œuvres de Raphaël sont vraiment bonnes et il sera tout au long du roman un ami sincère. Raphaël se met alors à dépenser tous ses modestes revenus et se prend d’amour pour la comtesse Fedora, une comtesse russe inaccessible, entourée d’hommes qui lui font la cour, mais qu’elle conserve en simple ami.
Pour lui faire la cour, il doit mener la grande vie s’endettant pour se maintenir dans la haute société et acceptant d’écrire les faux mémoires de sa grand-mère. Mais Fedora, qui apprécie pourtant son amitié, ne veut guère de son amour et lorsqu’il lui révèle enfin la profondeur de celui-ci et tous les sacrifices qu’il a dû faire pour se tenir à ses côtés, elle le rejette. Pendant ce temps, la pauvre Pauline faisait tout ce qu’elle pouvait pour l’aider.
C’est à cause de son désespoir et du rejet de Fedora que Raphaël souhaitait se suicider avant de trouver la Peau de chagrin.
Aspect intéressant du roman, cette confession, qui est un retour en arrière, une analepse, joue un rôle aussi important dans le roman -puisque c’est plus de la moitié de celui-ci- que l’intrigue principale.
À la fin de ce récit, Raphaël montre à Émile la peau de chagrin et celui-ci se moque complètement de Raphaël d’avoir cru à une pareille légende. Mais juste avant de se coucher, Raphaël rêve de devenir très riche et justement le lendemain au banquet avec tous les convives, un homme vient le voir et lui annonce qu’il a hérité d’un oncle extrêmement riche. D’un seul coup, le souhait de Raphaël est exaucé, mais celui-ci panique, il regarde la peau de chagrin et il constate qu’elle s’est un peu consumée.
Chapitre 3 : l’Agonie
Raphaël est désormais très riche et vit dans une magnifique demeure, entouré de domestiques. Mais il sait qu’au moindre souhait sa vie pourrait se consumer à cause de la peau de chagrin. Il s’enferme donc et cherche à ce que sa vie soit méthodiquement organisée afin qu’il n’ait jamais besoin de souhaiter quoi que ce soit.
Cependant il va au théâtre un soir, où il va croiser tour à tour Fedora et Pauline. Pauline a profondément changé ; en effet, elle était déjà belle, bien qu’elle était mal habillée, car pauvre, mais maintenant elle est également extrêmement riche, car son père est revenu des Indes avec un énorme trésor. Ainsi celle-ci est maintenant non seulement belle et généreuse, mais surtout riche et avec un titre imposant. Bref, il tombe amoureux d’elle et elle lui confesse également son amour.
Ils vont donc se marier, ils sont très heureux, c’est incroyable ! Mais la peau de chagrin rapetisse peu à peu et il tombe malade. Il est obligé d’aller à Aix-les-Bains à une cure thermale pour prendre soin de sa maladie et surtout pour être éloigné de la tentation que représente Pauline.
Il ne sera pas du tout apprécié à Aix-les-Bains par le reste des personnes qui sont à la cure, car il est distant, solitaire, et sa richesse les perturbe. L’un des jeunes hommes le provoque en duel, mais grâce au pouvoir de la peau de chagrin Raphaël le tue. Cependant, il regarde à nouveau la peau de chagrin et elle a encore rapetissé : elle est désormais toute petite, comme sa vie.
Il va donc quitter Aix-les-Bains pour s’installer en Auvergne, près de la nature. Ça lui convient un temps, mais pas assez. Il va donc revenir à Paris prendre de nombreuses drogues pour essayer d’estomper la douleur et surtout dormir le plus possible. Mais Pauline revient le voir. Elle est encore très amoureuse de lui malgré sa maladie et il va finir par lui confier le secret de la peau de chagrin et lui expliquer que c’est le désir qu’il a pour elle qui est en train de mettre fin à sa vie. Alors celle-ci, désespérée, est prête à se suicider, mais il la retient et l’étreint avec passion, se consumant dans ses bras. C’est ainsi qu’il meurt dans les bras de sa bien-aimée, qui devient complètement folle à cause de tout ça.
IV. Le parcours les romans de l’énergie : création et destruction
D’une part, on peut se demander comment l’auteur transmet de l’énergie à son roman. Là, ça pousse à réfléchir au style et notamment à s’interroger sur le rythme des phrases, par exemple les périodes oratoires qui sont des techniques magnifiques pour donner de l’énergie aux phrases, ou les ralentir, créer des flux et reflux rythmiques.
Également, c’est intéressant de s’intéresser au langage hyperbolique ou encore à des champs lexicaux qui transmettent l’énergie vitale.
Tu peux également t’intéresser aux registres dans l’œuvre : en effet peau de chagrin dispose d’autant d’énergie parce que certes c’est une œuvre au style réaliste, mais qui est teint de fantastique et ce fantastique donne l’énergie et l’excès à l’œuvre. Il y a même une petite teinte de registre satirique.
Ce parcours évoque aussi la question de l’énergie vitale, qui a passionné tant de romanciers tant de poètes. Qu’est-ce qui offre la puissance aux personnages ? Qu’est-ce qui les pousse à vivre ? Comment la perte de l’énergie est-elle représentée ?
On peut aussi voir dans ce mélange d’énergie créatrice et destructrice une évocation d’un Dieu tel Chronos, dieu grec du temps. En effet, ce dieu était créateur et a permis aux hommes de développer leur société, mais c’était aussi le dieu qui dévorait ses enfants.
Enfin, quel est le lien entre la création et la destruction ? Dans cette œuvre figure un mélange entre la pulsion de vie et la pulsion de mort. Raphaël a envie de vivre une vie pleine de jouissance, de plaisir. C’est aussi un artiste, il crée des œuvres, mais il est également attiré par la mort, ainsi il veut se suicider par désespoir, mais aussi parce qu’il y a quelque chose de romantique dans le fait de se donner la mort, en tout c’était perçu ainsi par de nombreux auteurs à l’époque. Tu peux lire à ce sujet Les souffrances du jeune Werther de Goethe.
On pourrait ainsi y trouver une lecture psychologique, l’association de l’Éros et du Thanatos, mais ça, je t’en parlerai dans la prochaine vidéo !
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