Mouvement littéraire : Le Romantisme

Paysage romantique du 19e siècle qui illustre le mouvement littéraire romantisme

Mouvement littéraire : Le Romantisme

Représentation du romantisme dans un style animé, lyrisme

LE ROMANTISME (1800-1850 environ)

Ce mouvement naît en Allemagne et en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle. Il se développe en France dans les écrits de Jean-Jacques Rousseau, en particulier La Nouvelle Héloïse. Prenant le contrepied des Lumières, les romantiques prônent les limites de la raison et la supériorité des sentiments. Dans cette conception, la nature sauvage est le lieu où l’humain retrouve son identité et peut accéder au Divin.

Contexte

  • Révolution française. La révolution a bouleversé la France. Elle a mis fin aux privilèges de la noblesse et du clergé, donné force aux idées de liberté et d’égalité et changé durablement le rôle de l’Église. Mais elle reste une révolution inaboutie.

  • Espoirs politiques déçus, le mal du siècle. La Révolution française a cédé le pas à l’Empire, qui tombe en 1815 pour être remplacé par une nouvelle monarchie, marquée par divers troubles. Les auteurs regrettent les valeurs de la Révolution, la gloire napoléonienne ou la stabilité de l’Ancien Régime. Ces regrets provoquent mélancolie et désillusion, ce que l’on appelle le «Mal du siècle», mais n’empêchent pas certains écrivains de mener des actions politiques majeures (Lamartine sera candidat aux élections présidentielles de 1848, Victor Hugo sera maire à Paris et grand opposant à Napoléon III…).

  • Morale kantienne. Kant est probablement le philosophe le plus important de cette époque et sa pensée est à la fois l’apogée des Lumières et son cercueil. Il désire établir une morale purement construite sur la Raison. Mais il expose également les limites de la Raison telle qu’elle était définie par les Lumières, car elle ne laisse pas assez de place à l’expérience et aux émotions et, sans ces deux éléments, elle ne peut tout expliquer. Il considère aussi que l’être honnête, qui respecte toutes les règles morales, est condamné à la tristesse et à la solitude. Mais le bonheur de se savoir vertueux suffit à compenser cette situation.

  • Philosophie romantique. Cette philosophie estime qu’il existe une unité entre l’esprit humain et la nature. C’est dans la nature sauvage, qui est pour eux la seule trace qu’il reste de l’œuvre de Dieu (ils sont généralement croyants), que l’Homme peut retrouver son identité profonde et peut toucher du doigt le divin. Le lien entre l’espèce humaine et la nature doit être rétabli. Notre inconscient est ce qui nous relie au Tout.

  • Débuts de la révolution industrielle. La révolution industrielle, qui démarre en Angleterre au XVIIIe siècle, commence à transformer la société française, faisant naître une classe ouvrière miséreuse. Beaucoup d’auteurs romantiques, surtout Victor Hugo et Georges Sand, vont dénoncer leurs conditions de vie et critiquer le règne de la machine qui éloigne l’Homme de la Nature et perturbe son rapport au monde.

Thèmes et esthétique

  • Le culte du moi et l’expression des sentiments. Le poète ou le personnage romantique veulent vivre et comprendre pleinement leurs sentiments. L’auteur se sert de l’écriture pour les exprimer ou pour les analyser.

  • Les sentiments exacerbés. Pour beaucoup de romantiques, une émotion doit être vécue à l’extrême, quitte à ce qu’elle nous détruise. Des personnages comme Ruy Blas (de Victor Hugo) ou Werther (de Goethe) sont prêts à se suicider par amour, car ce suicide est la plus belle preuve de ce sentiment. Des auteurs tels Musset ou Baudelaire nourriront un tempérament autodestructeur.

  • Méfiance envers la raison, foi dans le cœur. En voyant ce que des Hommes comme Robespierre ou Saint-Just ont pu faire au nom de la Raison, les romantiques font souvent triompher le cœur sur la raison, car le choix le plus logique est rarement le plus juste.

  • La noblesse d’âme d’Hommes du peuple et de marginaux. Le héros romantique est généralement un Homme du peuple qui s’avère bien plus noble de cœur que les membres de la haute société; Jean Valjean, grand héros des Misérables, est un ancien bagnard au comportement héroïque, les paysans ont l’esprit fin dans les romans de George Sand. Ces écrivains démocrates illustrent, avec de tels personnages, que les classes sociales «inférieures» méritent d’être plus estimées et mieux traitées.

  • La solitude et la marginalité. L’Être humain pur ou différent est voué à la souffrance. Le marginal, bon mais incompris, est une autre forme de héros romantique. Quasimodo et Lorenzo (dans le Lorenzaccio d’Alfred de Musset) en sont deux exemples.

  • La mélancolie et l’ennui. À cause du Mal du Siècle et d’une grande sensibilité, beaucoup d’auteurs éprouvent de la mélancolie et de l’ennui, qui rejaillissent dans leurs œuvres.

  • Une mystique de la nature. Pour ces auteurs, la nature sauvage est ce qu’il reste de la Création divine, ce qui n’a pas encore était perverti par l’être humain. Elle devient le lieu mystique où l’Homme retrouve son moi profond et entre en contact avec Tout.

  • Le sublime. Ici aussi, la pensée de Kant est fondamentale. Il considère que l’art ne doit pas se contenter d’imiter la Nature mais doit la transcender pour atteindre le Sublime, car la simple imitation n’a pas d’âme. Le Sublime dépasse la forme, il dépasse l’objet physique qui est décrit ou peint, pour trouver l’essence de toute chose et produire des émotions profondes chez celui qui découvre l’œuvre. Ainsi, une écriture symbolique ouvre les portes du Sublime.

  • L’engagement politique. Des idées politiques, tel le nationalisme, la soif de liberté et la misère du bas peuple sont présents dans de nombreuses œuvres de ce mouvement.

  • Le goût pour le fantastique. Les créatures mystérieuses fascinent les auteurs et leur public. Les vampires (Baudelaire, Théophile Gautier), les personnes difformes (Frankenstein de Mary Shelley, Quasimodo dans Notre-Dame de Paris), le diable (Faust, de Goethe), les fantômes et bien d’autres hantent ces œuvres.

  • Légendes et traditions populaires. Par nationalisme et goût du fantastique, des écrivains s’intéressent aux légendes et traditions de leur pays. Les Frères Grimm publient des recueils de contes allemands, Victor Hugo et Musset s’inspirent du folklore français.

  • Le désir d’ailleurs. Le voyage, le passé, le rêve reviennent dans ces œuvres, échappatoires à une vie lassante et trop contrainte.

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Caractéristiques

  • Le registre lyrique. Ce registre, expression des sentiments les plus profonds, est employé dans tous les genres littéraires de ce mouvement. Il peut être exacerbé, c’est-à-dire démesuré, avec de très nombreuses interjections* et hyperboles* ou encore incantatoire, lorsque le personnage ou le poète semble s’adresser aux Dieux ou à la Nature sacrée.

  • Le registre épique. La soif d’aventure ou l’envie de révéler la part héroïque de l’être misérable conduisent à une forte présence de ce registre dans les œuvres romantiques.

  • Un langage riche en analogies. Les analogies, telles les métaphores* et les allégories*, ont une portée symbolique très puissante qui fait rejaillir l’inconscient et l’imagination afin de toucher au Sublime. Cette approche explique leur abondance dans la littérature romantique.

  • Les antithèses* et oxymores*, car ils expriment les troubles et les hésitations de l’esprit.

  • Liberté dans les formes du théâtre. Le drame romantique*, forme théâtrale théorisée par Victor Hugo, rejette la plupart des règles établies par le classicisme. Ainsi, les romantiques brisent la séparation entre tragédie et comédie, s’émancipent de la règle des trois unités*, offrent le spectacle du meurtre et de l’amour.

  • Liberté dans les formes de la poésie. Bien qu’ils emploient encore souvent des formes poétiques classiques (le sonnet*, les alexandrins*…), les poètes s’autorisent de nombreuses autres tournures lorsque celles-ci libèrent l’expression des sentiments et ouvrent les chemins de l’inspiration.

Principaux auteurs et œuvres

  • Victor Hugo Notre-Dame de Paris (1831), Les Misérables (1862), Ruy Blas (1838), La Légende Des Siècles (1859, 1877, 1883), Hernani (1830), Les Contemplations (1856), Les Châtiments (1853)

  • Alfred de Musset La Confession d’un enfant du siècle (1836), Lorenzaccio (1834), On ne badine pas avec l’amour (1834), Les Caprices de Marianne (1833).

  • George Sand Indiana (1832), La Mare au diable (1846), La Petite Fadette (1849)

  • François-René de Chateaubriand Mémoires d’outre-tombe (1848), René (1802)

  • Alexandre Dumas Les Trois Mousquetaires (1844), Le Comte de Monte-Cristo (1844-46)

  • Alphonse de Lamartine Les Méditations poétiques (1820), Harmonies poétiques et religieuses (1830)

  • Mme de Staël, Alfred de Vigny, Gérard de Nerval

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