Le Bonheur – Bac de Philosophie

Le Bonheur - Bac de philosophie

Au lycée, le Bonheur est l’une des 17 notions au programme du bac de philosophie : découvre dans cette vidéo toutes les informations essentielles pour mieux la maîtriser dans un commentaire ou une dissertation de Terminale. 
 
Qui peut honnêtement affirmer qu’il ne recherche pas le Bonheur ? On peut se demander si le bonheur est une notion individuelle ou collective, mais une pensée surtout nous transperce quand nous pensons au Bonheur : comment l’atteindre ? 
Le désir permet-il le bonheur ou faut-il le chasser ?  
 
 

Dans cette vidéo, je vais vous présenter plusieurs aspects relatifs au bonheur :

I.La définition du bonheur et la problématique qu’elle soulève

II. La question de savoir si le bonheur dépend de nous ou non

III. L’idée selon laquelle le bonheur est lié à nos désirs

IV. Savoir si la politique a pour but le bonheur des citoyens

V. Les différentes formes de bonheur dans notre vie quotidienne

 

I – DÉFINITION DU BONHEUR ET PROBLÉMATIQUE

Examinons tout d’abord la définition couramment admise du bonheur. Généralement on définit le bonheur comme un état durable de satisfaction complète dont découle un sentiment de plénitude et de béatitude. Or de cette vision du bonheur qui le décrit comme un état durable et constant jaillit le premier problème que sous-tend la notion:

En effet, comment concevoir le bonheur autrement qu’un idéal stable et désincarné, dont on ne peut faire l’expérience dans l’existence, alors que la vie est changeante, parsemée d’obstacles et d’embûches ?

En d’autres mots :

À quoi bon réfléchir sur quelque chose qui n’existe pas ? 

Ou ne risque-t-on pas de souffrir si l’on tend inlassablement vers quelque chose qui n’existe pas ?

L’un des premiers philosophes à avoir souligné l’impossibilité de définir le bonheur est Kant. Selon lui, le bonheur est impossible à définir de façon générale, car il est affaire d’empirisme, à savoir d’expérience, et est propre à chacun. 

Exemple : pour l’un, le bonheur c’est de manger du chocolat ; pour l’autre, c’est de perdre du poids.

Cette impossibilité à définir le bonheur a conduit les philosophes et les politiques à travers les siècles, à l’associer à des notions bien réelles, telles que la chance, le plaisir, le désir, la morale, la consommation ou les loisirs. Nous verrons dans quelques minutes dans quelles mesures.

Tout d’abord, examinons cette question : est-ce que le bonheur dépend de nous ?

 

II – LE BONHEUR DÉPEND-IL DE NOUS ? 

Le terme bonheur est dérivé du latin, bonum : bon et augurum : le hasard, la chance et il s’est transformé en « bon eür » en ancien français. 

Dans l’Antiquité, le bonheur est donc facteur de chance et ne dépend pas de nous, mais du sort. Au bonheur peut succéder malheur et malchance, ces différents états ne résultant que des caprices du sort. Pour les anciens, le bonheur c’est donc un don du ciel, une chance, ce qu’ils appelaient la Fortune

Or, rester dans la passivité – un peu comme la belle au bois dormant qui attend que son prince la délivre du sommeil – admet que c’est une position qui  n’est pas tenable.

Pour contrer cette conception fataliste du bonheur, l’Eudémonisme (= doctrine qui a pour objet central le bonheur) des stoïciens propose une solution pour le faire dépendre entièrement de nous.

Pour les sages, pour que l’Homme ne soit plus le jouet du sort et puisse vivre de façon heureuse, il lui suffit de vouloir que les choses arrivent comme elles arrivent.

Il est vrai que cela peut sembler plus facile à dire qu’à faire. D’autre part, cela n’implique-t-il pas de nier nos aspirations à être qui nous sommes ? Nous sommes tous d’accord pour dire que cela n’est plus tenable de nos jours.

En revanche, pour l’ascète, il s’agit de faire une sélection des plaisirs. Le bonheur étant l’ataraxie, c’est-à-dire la conséquence d’une absence de trouble de l’âme, il s’agit pour le philosophe de ne profiter que des désirs naturels et nécessaires tels que boire, se reproduire, manger et dormir, en réalité de ne profiter que de ses besoins. De temps en temps, il est permis de s’octroyer des plaisirs naturels mais non nécessaires, comme boire un verre de bon vin ou manger un plat fin, et d’ignorer les plaisirs non naturels et non nécessaires tels que l’ambition, la gloire ou la richesse. Car ces derniers, au même titre que le désir, sont insatiables et peuvent engendrer la souffrance.

Toutefois, à moins de vivre reclus dans une grotte, il est difficile d’appliquer à la lettre ce que préconise Épicure, n’est-ce pas ? Voyons donc ce qu’il en est de la relation entre le désir et le bonheur.

 

III – LE BONHEUR, UNE AFFAIRE DE DÉSIR

Un grand nombre de philosophes pensent que le désir est la cause de nos malheurs et qu’une des conditions pour accéder au bonheur est d’éradiquer le désir. Dès l’étymologie du terme, on constate que le désir exprime la nostalgie d’une étoile. En effet, le mot désir vient du latin “de-sideratio“, qui indique la perte douloureuse (“de”) d’un astre (“sideris”) fascinant. Ainsi, le désir peut être considéré comme le regret d’un joyau merveilleux autrefois contemplé.

L’association du désir et de la souffrance est illustrée dans le mythe des Danaïdes, conté par Socrate à Calliclès dans le Gorgias, avec l’image de leur tonneau percé. Un homme qui chercherait à être heureux en voulant satisfaire ses désirs serait condamné à s’épuiser inlassablement à remplir un tonneau percé, et donc à la souffrance, le désir étant en permanence reconductible et illimité !

On retrouve également l’idée chez les Stoïciens et Descartes, selon laquelle il vaut mieux “renoncer à ses désirs plutôt que changer l’ordre du monde”. En d’autres termes, le monde ne possédant pas assez de richesses pour satisfaire nos désirs qui, eux, sont illimités, il vaut mieux y renoncer.
Et pour conclure sur les philosophes qui déprécient le désir, citons la vision la plus pessimiste d’entre eux, celle de Schopenhauer. Pour le nihiliste, le vouloir-vivre ou le désir est la cause de notre douleur et de ce qui divise les hommes. Il faut donc le faire taire à tout prix et trouver refuge dans l’art, qui seul peut apaiser notre mal-être.

Il est vrai que certaines conceptions du bonheur peuvent sembler restrictives et morales, ce qui peut compliquer la quête du bonheur. Il peut être difficile d’avancer lorsqu’on nous dit ce qu’il ne faut pas faire, plutôt que de nous donner des pistes pour trouver le bonheur.

Spinoza pense au contraire que le désir est l’essence de l’homme et que la joie, qui découle de sa satisfaction, signale son «passage d’une moindre à une plus grande perfection».
On trouve la même conception positive chez Nietzsche pour qui le désir qu’il nomme la volonté de puissance est un élan vital, une force créatrice et donc un des vecteurs du Bonheur.

Mais pour que l’accès au bonheur soit possible, faut-il encore que la politique le permette et s’en préoccupe…

 

IV – BONHEUR ET POLITIQUE

Si le bonheur réside dans la tolérance, la pratique d’activités choisies et le fait de « cultiver son jardin » pour Voltaire dans Candide, encore faut-il construire une société permettant à tous d’être heureux.

Les états démocratiques, en tentant de privilégier l’expression des libertés individuelles, semblent aller dans ce sens.

L’idéal d’un bonheur collectif, apparu selon Saint-Just au moment de la Révolution française en Europe, est-il compatible avec le bonheur individuel ? 

Il semblerait puisque c’est à l’initiative de l’Empire, puis de la République que les congés payés sont instaurés en France. C’est tout d’abord par Napoléon III en 1853, qui, par décret, les accorde aux seuls bénéfices des fonctionnaires, puis le Front  Populaire en 1936 qui les généralise à tous. 

Grâce aux congés payés, les français peuvent désormais partir en vacances et s’adonner à leurs loisirs, ce que la publicité n’hésite pas à associer avec l’idée du Bonheur.

En effet, en vacances, chacun est libre de faire ce qu’il désire, ce qui renforce l’association entre le bonheur et le désir. Par exemple, certains pourront pratiquer la philosophie ou marcher seuls dans la montagne pour méditer. Toutefois, la réalité peut être parfois bien différente.

Mais les intérêts des Etats, même démocratiques, vont parfois à l’encontre des intérêts des individus. Ainsi la société de consommation, si soucieuse de nos loisirs (ton ironique), n’a pas hésité à chercher à instrumentaliser nos désirs, par le biais de la pub et du marketing, y voyant un moyen de croissance et d’enrichissement.

Elle tolère le bonus dolus, le mensonge léger qui consiste à exagérer les qualités d’une marchandise, les images subliminales, celles qui s’insèrent dans la pub à l’insu du spectateur, et favorise le crédit, pour pousser l’individu à la consommation.

La recherche du bonheur que la société associe à la consommation devient ainsi aliénante pour l’Homme qui n’est plus à l’origine de ses désirs, lesquels sont créés de toute pièce par la société, dont le but est : s’enrichir.”

Il est clair que la politique peut parfois avoir du mal à concilier ses intérêts personnels avec le bonheur individuel.
Mais alors si les intérêts politiques divergent des intérêts individuels, si pour la philosophie le Bonheur est un état permanent dont on ne peut faire l’expérience, puisque il est, rappelle Kant, « l’état d’un homme raisonnable à qui dans tout le cours de son existence tout arrive selon son souhait et sa volonté » et est donc impossible… Sachant qu’il faut toujours le rattacher à des notions secondaires, quelle forme de bonheur pouvons-nous espérer aujourd’hui ?

V. LES DIFFÉRENTES FORMES DE BONHEUR DANS NOTRE VIE QUOTIDIENNE

Pour la psychanalyste Elisabeth Roudinesco, le bonheur est aujourd’hui plus affaire de psychologie que de philosophie. Le politique et la philosophie ont laissé place à l’individualisme et la psychologie.

Dans le roman Avatar de Théophile Gautier, le personnage principal, Octave, possède tout ce qui devrait le rendre heureux : richesse, jeunesse et beauté. Pourtant, il sombre dans le désespoir et l’ennui. Cela montre que le bonheur est une quête individuelle qui nécessite la connaissance de soi et de ses aspirations personnelles.

Une fois que la question de pouvoir subvenir à ses besoins est réglée, le bonheur pourrait consister au fait de parvenir à dépasser suffisamment ses conflits intérieurs afin de, comme le dit Freud,  pouvoir aimer et travailler.

Indissociable de la présence chaleureuse d’autrui, ou de compagnons de route, il serait aujourd’hui, contrairement à l’Antiquité,  fruit de la praxis, c’est-à-dire de l’action.

Il résulterait d’une activité choisie favorisant le déploiement de son potentiel et peut-être également de la perpétuation d’actes d’aide envers autrui, lesquels feraient accroitre l’estime de soi-même. 

Sorte de quête et graal de nos sociétés actuelles, difficiles à atteindre et souvent malmené par les affres de l’existence les deuils, les renoncements et les échecs – il semble aujourd’hui être associé au bien-être, à la joie, à la confiance et à la « force d’exister » dont parle Spinoza, qui assure d’utiliser les obstacles comme l’occasion d’accroître notre personne.

Ainsi, même si vivre dans un état de bonheur permanent n’est pas possible, vivre heureux et avoir une vie portée par la joie, désirante et le bien-être semble un objectif tout à fait accessible. Et c’est tant mieux !

 
 

Crédits

Tu peux aussi contacter Alyse pour du soutien scolaire : alyse@laboiteabac.fr
 
Autrice et interprète : Alyse Gaultier
Montage et réalisation : Cédric Boulanger
Direction artistique : Tanguy Gaudeul

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