La Liberté - Bac de Philosophie
Parmi les 17 notions du bac de philosophie au lycée, on y retrouve la Liberté. Dans cette vidéo, tu découvriras les éléments fondamentaux qui te permettront de rédiger ton commentaire ou ta dissertation.
Sommes nous libres et qu’est-ce que la liberté ? La liberté dépend notre existence : si nous ne sommes pas libres, existons-nous vraiment ? Bref, cette vidéo est là pour mettre en lumière un grand nombre de questions auxquelles Alyse répondra.
La liberté tire son étymologie du terme latin “libertas“, qui signifie la condition de l’Homme libre. Dans le sens courant, la liberté correspond à un état d’absence de contrainte, qui permet à chacun d’agir selon sa volonté sans subir la pression de quiconque. Cependant, le sens philosophique de la liberté diffère de cette conception courante.
Nous allons ainsi examiner dans quelle mesure la définition courante de la liberté, “être libre, c’est faire ce que l’on veut sans contrainte”, contient un paradoxe et quelles sont les limites de cette affirmation. Comment pourrait-on considérer l’alcoolique, par exemple, comme étant libre alors que sa consommation excessive le conduit inévitablement à des maladies graves ?
Pour répondre à cette question, nous allons commencer par analyser les limites de la définition de la liberté en tant qu’absence de contrainte, afin d’évoluer vers le sens philosophique de la liberté qui considère la liberté comme une aptitude à se fixer ses propres limites. Ensuite, nous nous interrogerons sur l’existence réelle de la liberté et sur le sens que l’on donne à ce concept de nos jours.
I – LA LIBERTÉ EN TANT QU’ABSENCE DE CONTRAINTE
II – LA LIBERTÉ EN TANT QUE CAPACITÉ À SE POSER SES PROPRES LIMITES
III – LA LIBERTÉ EXISTE-T-ELLE ?
IV – LA LIBERTÉ AUJOURD’HUI, DE LA CONQUÊTE DE L’ESPACE PUBLIC À LA CONQUÊTE DE L’ESPACE INTIME
I – LA LIBERTÉ EN TANT QU’ABSENCE DE CONTRAINTE
Être libre signifie, selon le langage courant, faire ce que l’on souhaite sans subir de contrainte interne ou externe. Cette affirmation est d’actualité face à la pandémie de Covid-19 et aux restrictions de déplacement qu’elle implique, ou encore aux règles strictes de sécurité face au terrorisme. Cette situation souligne l’importance de s’interroger sur la liberté et sur la possibilité de vivre dans une société sans règles imposées par des institutions.
Cependant, si l’on prenait cette affirmation au pied de la lettre et que l’on supprimait toutes les censures extérieures, que se passerait-il ? Les anarchistes prônent une liberté absolue sans l’État ni l’Église. Mais cette idée est difficilement applicable à long terme, car la cohabitation de personnes libres sans arbitrage extérieur est complexe. Le philosophe Hobbes considérait que dans une société sans État, l’Homme est un loup pour l’Homme. De plus, le délinquant ou le criminel qui ne respecte pas les lois de sa société encourt une peine de prison et perd ainsi sa liberté.
Mais qu’en est-il de l’individu qui refuse de se fixer des limites intérieures ? Le joueur qui ne se contrôle pas accumule des dettes que le casino et sa banque vont lui réclamer en saisissant ses biens. De même, dans Madame Bovary de Flaubert ou dans Don Juan de Molière, le goût excessif pour les plaisirs entraîne respectivement la ruine du mariage et le suicide d’Emma Bovary, et la mort tragique de Don Juan. Ainsi, il semble que la liberté ne consiste pas à faire ce que l’on veut ou à jouir d’une liberté sans limite. Il est plus probable qu’elle corresponde à la capacité de se fixer des limites.
II – LA LIBERTÉ EN TANT QUE CAPACITÉ À SE POSER SES PROPRES LIMITES
Un mode de vie libre et conforme à notre désir d’être heureux exigerait que nous soyons capables d’adopter une vie équilibrée en nous fixant nos propres limites et en gérant notre temps de manière à avoir du temps pour tout : travailler, réaliser nos objectifs, voir nos amis, faire du sport et manger sainement, etc. Cela impliquerait de ne pas céder à l’addiction à des choses nocives, comme la malbouffe ou les jeux vidéo, car l’addiction est une aliénation et une dépendance.
La liberté est donc la capacité de faire des choix. Dans l’exemple précédent, nous avons parlé du choix de mener une vie joyeuse et, par conséquent, de pouvoir se déterminer soi-même. Le libre choix présuppose l’existence du libre arbitre, qui définit l’aptitude de l’Homme à choisir ses actions sans y être contraint par une force extérieure. C’est ce libre arbitre, si cher aux existentialistes, qui fait dire à Camus “je me révolte, donc je suis”, à savoir que je refuse de me laisser ensevelir par l’absurdité de l’existence. En effet, puisque Dieu n’existe pas, il est inutile d’espérer que ses bonnes actions seront récompensées par une place au paradis lors du jugement dernier. C’est de ce constat du non-sens de la vie que l’Homme peut justement tirer sa révolte et sa grandeur. Même si je ne peux espérer aucune récompense, en tant qu’Homme, je me révolte et donne du sens à mon existence en m’engageant à travers des actes de valeur, et c’est de cette révolte que je tire ma grandeur et ma liberté. Condition de la grandeur de l’Homme, ce libre arbitre sera aussi le fondement nécessaire de la responsabilité. En effet, c’est parce que je suis libre, autonome et déterminé par aucune autre personne que moi-même que je dois assumer pleinement la responsabilité de mes actes.
Cependant, cette liberté absolue cohabite avec d’autres degrés de liberté, dont le plus bas est la liberté d’indifférence. Cette forme de liberté est le plus bas degré de la liberté. Contrairement au choix libre, qui doit être motivé par un raisonnement réfléchi et une connaissance rationnelle du bien ou de la vérité, la liberté d’indifférence qualifie le choix arbitraire qui pourrait être le fruit du hasard ou d’une incapacité à se positionner.
Il est clair que la liberté est liée à la connaissance, au savoir, à la capacité de raisonner et d’anticiper les conséquences d’un choix et d’un acte. Les Stoïciens recommandent de renoncer à nos désirs plutôt que de changer l’ordre du monde.
Par exemple, si l’on veut être milliardaire mais, que notre emploi ne permet que de vivre correctement, alors il faut renoncer à ce désir pour gagner en tranquillité d’esprit et en apaisement. Cette liberté ne peut être atteinte qu’en ayant une connaissance du fonctionnement du monde.
Le consentement dans les cas d’abus sur mineurs souligne également le lien entre liberté et connaissance. Le fait de donner son consentement implique d’être en pleine possession de ses moyens cognitifs. Longtemps, la société a omis de considérer l’incapacité des enfants et des adolescents à consentir à des actes sexuels en raison de leur manque de clairvoyance. Ce manque de discernement a eu des conséquences dramatiques pour de nombreuses victimes. La capacité à faire des choix libres dépend de l’âge et de la connaissance de soi-même, de ses désirs et des conséquences potentielles de ses actes.
Au sens philosophique, la liberté implique le choix, l’autonomie, la maturité et la capacité à se poser ses propres limites. Mais comment peut-on affirmer que la liberté existe sans imaginer l’hypothèse d’un être tout puissant qui agite les ficelles qui décident des actions des Hommes, tel un marionnettiste ?
III – LA LIBERTÉ EXISTE-T-ELLE ?
Si la liberté est considérée comme une évidence pour Descartes, elle est pour les existentialistes le résultat à atteindre dans l’absurdité de la vie. Selon Sartre, “l’existence précède l’essence” pour l’Homme. Ainsi, tout au long de son existence, l’Homme peut se redéfinir et constituer ce qu’il est en toute liberté. Même le pire des criminels peut devenir une personne bienveillante s’il choisit de renoncer au crime et de vivre de manière constructive. C’est là une différence majeure avec le coupe-papier dont l’essence est fixe et ne peut être transformée. Cependant, la liberté a également une face sombre, car elle implique que l’Homme est responsable de ses actes et que rien ne guide son existence. L’Homme est tenté de la mettre à distance et de se chosifier dans le regard de l’autre. Il peut s’identifier à une fonction, comme le Garçon de café chez Sartre ou une coquette qui se laisse guider par l’autre sans se poser de questions.
Cependant, cette conviction de l’existence de la liberté n’est pas partagée par tous les philosophes. Spinoza considère que le libre arbitre est une illusion qui s’explique par l’ignorance des causes qui nous font agir. Pour lui, l’être humain n’agit pas librement, car il est déterminé par des événements dont il n’a pas connaissance. Le fatalisme va encore plus loin en affirmant que l’Homme est le jouet des intentions divines et n’a aucune marge de manœuvre. Le mythe d’Oedipe illustre cette vision du monde. La prophétie qui annonce à Laïos que son nouveau-né Oedipe tuera son père et épousera sa mère est inévitable et même les tentatives de Laïos pour empêcher cela se révèlent inutiles.
La position adoptée sur la liberté est souvent liée à la foi et à la conviction. Kant, en faisant de la liberté un “postulat nécessaire de la raison pratique”, montre qu’il est nécessaire de croire en l’existence de la liberté pour justifier nos actions morales. Il a ainsi remis la réflexion sur la liberté à sa juste place.
Dans ce discours, on observe que la notion de liberté est étroitement liée à la question morale. Kant, en particulier, soutient que bien que l’existence de la liberté ne puisse pas être prouvée, nous devons croire en elle pour déterminer si un acte est moral ou non. Pour Kant, un acte n’a de valeur morale que s’il est le résultat d’un choix libre. En effet, si je choisis de ne pas voler un objet qui me plaît, alors que j’en ai la possibilité, cela montre que j’ai choisi de privilégier l’intérêt collectif sur mon intérêt personnel. En revanche, si je vole l’objet en question, mon choix n’a pas de valeur morale, car il n’a pas été fait librement. En somme, la liberté est une croyance nécessaire pour justifier l’action morale selon Kant.
La liberté, bien qu’impossible à prouver et relevant de la métaphysique, reste un horizon nécessaire pour pouvoir mener des actions dans l’existence. En effet, si chacun de nos gestes était décidé à l’avance par un être tout puissant, quelle motivation aurions-nous dans notre existence ? Cependant, étant donné que la liberté est considérée comme un horizon nécessaire pour notre vitalité et notre dynamisme, il est important de se demander aujourd’hui ce que signifie réellement être libre.
IV – LA LIBERTÉ AUJOURD’HUI, DE LA CONQUÊTE DE L’ESPACE PUBLIC À LA CONQUÊTE DE L’ESPACE INTIME
Dans l’Antiquité, la liberté était étroitement liée à la politique et à la connaissance. Un Homme libre était celui qui pouvait se consacrer à l’étude, qui pouvait s’évader de la caverne pour contempler les idées, ou qui pouvait participer à la vie politique de la cité. Après les périodes de tyrannie de l’Empire romain et des monarchies de droit divin en Europe, les penseurs ont réfléchi aux différents systèmes politiques les plus à même de répondre aux besoins des citoyens, certains comme Hobbes et Machiavel préconisant la nécessité des pleins pouvoirs du souverain, tandis que d’autres aspiraient à un régime favorisant le plus de libertés individuelles possibles, comme Rousseau. Toutefois, durant cette période, la liberté n’était possible que dans une société régie par des lois limitant nos droits afin de ne pas nuire à autrui, tout en nous assurant en contrepartie la jouissance d’une liberté limitée.
Au XXe siècle, la philosophe Hannah Arendt a continué à explorer la pensée politique, tandis que des ouvrages plus récents, tels que Indignez-vous de Joseph Hessel, ont encouragé les citoyens à se révolter contre les inégalités de richesse et ont critiqué l’influence de la finance sur les décisions politiques.
Depuis le siècle dernier, avec la mise en place de régimes démocratiques en Occident et la montée de l’individualisme, la liberté est devenue une quête de liberté intime et intérieure. Elle serait l’effet d’un déconditionnement, à atteindre à l’aide du retrait de l’espace public, ou dans des stages de bien-être, où l’on s’éloigne des autres pour retrouver sa vraie nature et sa liberté loin des contraintes de la vie moderne. De même, le cabinet d’un psychanalyste serait un lieu idéal pour se libérer des névroses et des projections familiales, afin de pouvoir affirmer sa réelle identité.
Comme on peut le voir, la liberté relève de questions métaphysiques et son existence n’est pas prouvable. Néanmoins, le sens philosophique de la liberté ne se réduit pas, comme on l’entend souvent, à faire ce que l’on veut sans limites, intérieures ou extérieures, car cela risque de se retourner contre nous. La liberté implique un certain savoir de ce que l’on encourt, d’avoir une idée de la vie que l’on souhaite avoir, et de se poser ses propres limites en préférant jouir de certaines libertés dans la société plutôt que de subir la peur et la violence de l’état de nature, où chacun expérimente une liberté totale.
Ainsi, la liberté est un horizon nécessaire à la motivation et au désir d’action et d’évolution, centré sur la conquête de l’espace public, mais elle est également devenue peu à peu synonyme de conquête d’identité.
Crédits
Autrice et interprète : Alyse Gaultier
Montage et réalisation : Cédric Boulanger
Direction artistique : Tanguy Gaudeul
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