La Justice – Bac de philosophie

La Justice - Bac de Philosophie

La Justice est l’une des 17 notions abordées au programme de Philosophie. Grâce à cette vidéo, tu auras toutes les clés pour réussir ta dissertation ou ton commentaire au Bac de Philosophie. 

Pour commencer, examinons maintenant les symboles qui représentent la Justice. Le premier, la balance, nous apprend que pour rendre justice, il est nécessaire de peser les arguments des différentes parties. Par exemple, entre le kit bac de français de Tanguy et celui de philo d’Alyse, lequel contient le plus de questions-réponses, de cartes et de vidéos ? Bien que je sois convaincue que c’est le mien, il est évident que je ne peux pas être juge et partie. En effet, la justice exige un juge impartial, représenté par le symbole du bandeau. Il est essentiel de rendre justice de manière objective, sans faveur, ni crainte, ni parti pris, d’où l’expression “la justice est aveugle”.

Enfin, pour appliquer la justice, il est nécessaire d’avoir recours à la force, ce qui est symbolisé par le glaive. Il représente l’aspect répressif de la justice et l‘application des peines, ainsi que les moyens nécessaires pour faire respecter les décisions de justice. À cet égard, je vous recommande de regarder notre vidéo sur l’État si vous ne l’avez pas encore fait.

En outre, la robe d’avocat est également un symbole important dans le système judiciaire, mais nous en parlerons peut-être une autre fois.

Dans cette vidéo, nous allons explorer les différentes facettes de la justice, les problématiques qu’elle soulève, ainsi que son enjeu. Nous aborderons les sujets suivants :

I. Ce qu’est une loi juste.

II. Pourquoi il est parfois nécessaire de désobéir à la loi.

III. Comment le sentiment de justice influence la progression de la justice institutionnelle.

Tout d’abord, examinons la définition de la justice. Le mot vient du latin justitia et justus, qui signifie “juste”, ainsi que de jus qui signifie “droit”, conforme au droit. Les Romains, créateurs de la justice institutionnelle, sont à l’origine de ce mot. Aujourd’hui, on distingue deux définitions de la justice.

Tout d’abord, la justice est un sentiment, une valeur, un idéal moral que l’on caractérise de manière instinctive, car ce sentiment s’impose à nous. Cependant, ce sentiment est complexe car on ne peut pas définir précisément les critères du juste. Par exemple, Antigone a enterré son frère malgré l’interdiction du roi de Thèbes, Créon, et le fait qu’elle sera condamnée à mort par la justice des Hommes. C’est parce qu’elle est habitée par ce sentiment de justice.

D’autre part, la justice est un pouvoir judiciaire qui comprend des institutions telles que les prisons, les tribunaux et la police, habilitées à faire respecter les lois et les droits positifs. Dans la pièce d’Antigone, c’est plutôt Créon, le roi, qui incarne cette conception de la justice institutionnelle de la cité en interdisant à tous les citoyens d’enterrer Polynice, qui a combattu contre Thèbes, sous peine d’emprisonnement et de condamnation à mort.

Ces deux conceptions distinctes de la justice soulèvent une problématique possible : comment la justice, en tant qu’institution dont les lois évoluent, pourrait-elle ne pas entrer en conflit avec le sentiment de justice qui serait universel ? Quel serait l’enjeu de faire coïncider le sentiment de justice avec la justice institutionnelle ? Si la loi s’alignait sur notre idéal intérieur de justice, peut-être évoluerions-nous vers une société dont les lois ne seraient plus discutables, car partagées par tout un chacun et en adéquation avec des valeurs universelles, valables en tout temps et en tout lieu. Cela permettrait d’envisager l’évolution de notre société vers une société pacifique.

Maintenant, passons à la première partie de cette réflexion : 

I. CE QU’EST QU’UNE LOI JUSTE

a) Une loi inscrite dans un code civil, pénal, etc. est considérée juste parce qu’elle est une loi. Elle n’est pas discutable, car elle provient du souverain. Pascal affirme avec ironie que « la justice est ce qui est établi et ainsi toutes nos lois établies seront nécessairement tenues pour justes sans être examinées puisqu’elles sont établies » (Pensées, 645-312). Le juge se doit donc de respecter le droit, car ce principe est essentiel à la société.

Il est difficile d’imaginer une société où chacun n’obéit qu’aux lois qu’il approuve…

b) Une loi est aussi considérée juste lorsqu’elle prend en compte l’égalité. La Déclaration des droits de l’Homme stipule que toute distinction qui n’est pas fondée sur l’utilité commune est interdite. Homme, femme, riche ou pauvre, tous devraient avoir les mêmes droits, y compris le droit de vote et la possibilité de prétendre aux plus hautes fonctions.

Aristote identifie trois formes de justice:

  1. La justice commutative, qui s’applique aux échanges et aux contrats, repose sur l’égalité arithmétique. Un échange est juste lorsqu’il repose sur des biens de même valeur.
  2. La justice distributive, qui répartit les biens et les honneurs de manière proportionnelle aux qualités ou aux services rendus. Dans ce cas, l’égalité n’est plus arithmétique mais géométrique (à chacun selon son mérite).
  3. La justice rectificative ou corrective qui établit les sanctions en fonction de la gravité des fautes. La punition doit être à la hauteur du dommage causé.

Bien que le mérite d’Aristote soit d’avoir fondé la justice sur l’égalité et d’avoir souligné l’importance du mérite et des inégalités sociales, une justice encore plus juste pourrait tenir compte des intentions lors d’un délit.

c) Il est important que la loi ne contredise pas la morale. Idéalement, le droit positif, établi au sein de la société, devrait refléter le droit naturel, celui que la raison reconnaît comme moralement fondé. Montesquieu préconise également cette idée dans L’Esprit des lois. Pour lui, le droit positif doit être l’application du droit naturel, c’est-à-dire de principes rationnels et universels, adaptés aux singularités de chaque pays.

d) Pour certains, une loi est juste si elle garantit la sécurité. Freud voit dans cette recherche de sécurité un parallèle avec la recherche de protection du père par un petit enfant en situation de détresse. Pour Hobbes, c’est ce désir de sécurité qui pousse les Hommes à entrer en société. Pour l’auteur du Léviathan, l’individu accepte de se soumettre à un souverain qui peut faire régner la loi et le protéger de la crainte permanente de la mort violente, même si cela implique de céder une grande partie de ses libertés.

e) Enfin, pour ceux qui attendent de la loi qu’elle garantisse leur liberté, une loi juste est naturellement celle qui assure les libertés individuelles. Montesquieu préconise la séparation des pouvoirs pour limiter le pouvoir, sachant que le pouvoir est tenté d’abuser. Cela étant le seul moyen de garantir la sûreté et les libertés individuelles.

Mais en pratique, un certain nombre de lois jugées liberticides, inégalitaires ou immorales ont souvent été contestées de manière légitime. Il convient donc d’examiner maintenant pourquoi il peut être justifié de désobéir à la loi.

II. POURQUOI IL FAUT DÉSOBÉIR À LA LOI

a) Pour comprendre pourquoi il est parfois nécessaire de désobéir à la loi, il faut d’abord distinguer ce qui est légal de ce qui est légitime. Ce qui est légal est conforme à la loi appliquée par la justice institutionnelle. Ce qui est légitime est fondé en raison, au regard de valeurs profondes et universelles qui relèvent cette fois-ci de la justice sentimentale. Il arrive que ces deux notions entrent en contradiction. Par exemple, en temps de guerre, il n’est pas légal de déserter, mais cela devient légitime si ton armée commet des crimes contre l’humanité.

b) Il est donc légitime de désobéir à la loi au nom d’un principe supérieur qui relèverait d’une justice idéale, complexe et difficilement définissable, plus pressentie que pensable. C’est ce principe supérieur qu’esquisse la constitution qui garantit les droits fondamentaux imprescriptibles et naturels de l’Homme : la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Ce droit de résistance à l’oppression implique que, lorsque la loi est liberticide, inégalitaire, insécurisante, abusive ou immorale, nous nous devons de la contester. On ne peut qu’être reconnaissant envers Rosa Parks, la femme qui a dit non ! en 1955 en temps de ségrégation aux États-Unis, lorsqu’on lui a demandé de céder sa place à un blanc dans un bus, ou encore Nelson Mandela qui a lutté contre l’apartheid mis en place en Afrique du Sud en 1948, pour leur courage. Cela implique une certaine dose de courage.

c) Ainsi, désobéir à la loi relève également de notre devoir d’hommes et de femmes. En tant qu’hommes et femmes, nous devons pouvoir donner notre accord aux lois qui nous sont proposées. Ou faire l’usage de notre raison, d’oser savoir, comme le disait Kant, afin d’éviter d’être instrumentalisé par les autorités au pouvoir. Pour appliquer une loi, il faut donc y consentir. On ne peut se soumettre à une loi que l’on juge injuste. C’est pourquoi Henry David Thoreau (1817-1862) a refusé de payer ses impôts à un État qui pratique l’esclavage et fait la guerre au Mexique, créant ainsi la théorie de la désobéissance civile. C’est dans cet esprit que Gandhi dira plus tard : « Renoncer à la désobéissance c’est mettre la conscience en prison », ou Martin Luther King : « Chacun a la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes ». Dans ce cas, le fait de désobéir devient constitutif de notre humanité.

Maintenant, si nous pouvons considérer comme légitimes les actes de José Bové et de ses militants qui ont détruit des champs de maïs élevés aux OGM pour alerter sur les risques sanitaires de la malbouffe, ou encore la démarche de Gandhi ou de Martin Luther King adeptes de la non-violence, nous devons nous poser la question de savoir si l’opposition à la justice institutionnelle est efficace et si une telle opposition généralisée est envisageable. Dans ce cas, la contestation n’est-elle pas soumise à certaines conditions ? Nous allons maintenant voir dans quelle mesure le sentiment de justice conditionne le progrès de la justice institutionnelle.

III. COMMENT LE SENTIMENT DE JUSTICE INFLUENCE LA PROGRESSION DE LA JUSTICE INSTITUTIONNELLE

a) Le droit humain est imparfait. Bien qu’il soit le socle de la Justice humaine, il est limité et entre parfois en conflit avec nos aspirations à l’égalité, la liberté ou la dignité, ainsi qu’avec notre quête de justice. Actuellement, 46 pays dans le monde ne disposent pas de lois pour protéger les femmes en cas de violences conjugales, tandis qu’en 1802, Napoléon a rétabli l’esclavage dans les colonies françaises.

b) Cependant, si la Justice institutionnelle est limitée, elle est également le produit d’une époque et s’inscrit dans un contexte particulier. Platon, par exemple, considérait que la Justice était ce qui permettait de maintenir l’ordre parfait dans la cité. Cette vision de la justice était liée à la culture athénienne de son époque et à son milieu aristocratique, qui accordait une grande importance à la stabilité. Pour lui, la Justice devait unifier le divers, le multiple et rassembler les citoyens. Il faut préciser que sa pensée a émergé dans un système autarcique qui ne tarderait pas à évoluer vers plus d’ouverture. Dans un tel système, le mode de communication avec l’étranger se limitait souvent à la guerre. Pour faire face à un ennemi potentiel, mieux vaut être soudés ou armés, selon les cas.

Platon serait probablement effrayé par l’individualisme du capitalisme et les revendications égalitaires portées par les idéaux démocratiques qui ont plus d’écho dans l’esprit des Lumières. Les Lumières étaient un mouvement philosophique qui visait à inciter les gens à faire usage de leur raison pour sortir de l’obscurantisme. Leurs idées ont été propagées grâce aux journaux et ont abouti à la Révolution Française de 1789. Ces penseurs ont également théorisé la perfectibilité de la justice et pensé qu’elle pouvait progresser.

c) La Justice est perfectible. Dans “Qu’est-ce que les lumières”, Kant croit en le progrès des Hommes et donc de la justice. Il affirme que “les Hommes se mettent d’eux-mêmes en peine peu à peu de sortir de la grossièreté, si seulement on ne s’évertue pas à les y maintenir”. Pour lui, l’avènement d’une justice institutionnelle en accord avec le sentiment de justice passerait par la diffusion des Lumières au sein de la population.

d) La justice avance en expérimentant ses limites et ses contradictions. Hegel considère que la justice progresse par l’expérience, des mouvements opposés qui mènent à une synthèse. Ce sont par leurs tentatives et leurs échecs que les philosophes et juristes améliorent le droit positif afin de le rapprocher d’une meilleure justice. De la même manière, le dialogue entre la philosophie et la justice peut nous mener vers une forme de progrès. La théorie de la banalité du mal d’Hannah Arendt, issue de son étude du cas Eichmann, peut nous inciter à utiliser davantage notre pensée durant les temps sombres de la société et peut-être éviter de sombrer dans l’inhumanité. Au cours du procès d’Eichmann, le criminel de guerre nazi, la philosophe a déduit qu’il est banal de commettre le mal et que cela résulte d’un vide de pensée.

La justice universelle entre souvent en conflit avec les institutions de la justice qui sont propres à chaque pays. Bien que la justice soit imparfaite, elle est la meilleure institution actuelle pour garantir l’ordre social. Cependant, dans certaines situations où nos droits fondamentaux sont bafoués, la désobéissance civile peut s’imposer. Elle doit relever d’une démarche collective, viser le changement du droit, procéder sans violence, et l’auteur de cette désobéissance doit en assumer la responsabilité et les peines encourues. La justice est imparfaite, singulière et changeante, mais elle reste perfectible. Le moteur et les avancements de cette institution sont notre besoin de justesse qui nous pousse parfois à la désobéissance.

Nous avons terminé notre vidéo sur la justice. Cependant, avant de nous quitter, nous avons reçu une demande pour récapituler les idées présentées. Vous pouvez mettre en pause pour lire attentivement ce résumé.

Tout d’abord, nous avons défini la justice et distingué le sentiment de justice de la justice institutionnelle. Nous avons posé une problématique : comment la justice institutionnelle pourrait-elle éviter de s’opposer à la justice intime universelle ? Nous avons également soulevé un enjeu important : réfléchir à l’évolution de notre société vers une société pacifique.

Nous avons ensuite discuté de ce qu’est une loi juste, soulignant qu’une loi inscrite dans un code est considérée comme juste, qu’une loi juste doit tenir compte de l’égalité, qu’elle ne doit pas contredire la morale et qu’elle doit garantir la sécurité et les libertés individuelles.

Nous avons également abordé la désobéissance à la loi, en faisant une distinction entre ce qui est légal et légitime. Nous avons souligné la nécessité de désobéir légitimement au nom d’une justice idéale, en citant les droits fondamentaux dans la Constitution, Gandhi, Rosa Parks et Nelson Mandela. Nous avons également rappelé le devoir de la désobéissance civile selon Kant et la devise des Lumières “Aude Sapere”, ainsi que la théorie de la désobéissance civile de Henry David Thoreau, Gandhi et Martin Luther King.

Enfin, nous avons abordé la question de la relation entre le sentiment de justice et la justice institutionnelle. Nous avons souligné l’imperfection du droit humain, en citant l’absence de lois protégeant les femmes des violences conjugales dans 46 pays et Napoléon rétablissant l’esclavage. Nous avons souligné que la justice est le produit d’une époque et d’un lieu déterminé, en citant les réflexions de Platon sur l’individualisme engendré par le capitalisme et la démocratie et l’esprit des Lumières. Nous avons également évoqué la perfectibilité de la justice selon Kant et la façon dont la justice avance en expérimentant ses limites et ses contradictions selon Hegel. Nous avons terminé en évoquant la théorie de la banalité du mal d‘Hannah Arendt.

En conclusion, bien que le respect des lois garantisse l’ordre social, nous avons souligné que la désobéissance civile s’impose lorsque la justice laisse perdurer des situations inégalitaires, discriminantes ou perpétrant des crimes contre l’humanité. La justice reste imparfaite, singulière et changeante, mais elle demeure perfectible grâce à notre besoin de justesse qui nous pousse parfois à la désobéissance.

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