L’Inconscient – Bac de Philosophie

L'Inconscient - Bac de Philosophie

L’Inconscient est l’une des 17 notions abordées au Bac de Philosophie. Pour réussir ton commentaire ou ta dissertation, il est primordial de maîtriser cette notion.

Comme Freud le pensait, le rêve est considéré comme la voie royale pour accéder à l’inconscient. Avec Elie, nous avons décidé de réfléchir avec vous sur cette notion. Dans cette vidéo, vous découvrirez :

I. Ce qu’est l’inconscient et les problématiques liées à cette notion ; 

II.Quand l’inconscient est véritablement apparu ; 

III. Qui sont les détracteurs de l’inconscient ? ; 

IV. En quoi l’inconscient limite notre liberté et notre connaissance ; 

V.  Ce que la théorie de l’inconscient apporte à nos vies.

Mais voyons tout d’abord ce qu’est l’inconscient et les problématiques qu’il soulève.

I. DÉFINITION ET PROBLÉMATIQUES

Théorisé par Freud, l’inconscient est une entité présente dans le psychisme humain qui cohabite avec la conscience. Sa présence explique que nous agissons parfois sans connaître l’origine de nos motivations. Il est le lieu où naissent les pulsions de vie et de mort, lesquelles sont mues par le principe de plaisir avant de se heurter au principe de réalité.

Le principe de plaisir est ce qui motive toutes nos tendances et nos désirs, lesquels sont un concentré d’énergie qui cherche à se satisfaire afin de soulager la tension exercée par ce trop plein. Quant au principe de réalité, c’est une force contraire qui a intégré tous les interdits sociaux et parentaux, et qui cherche à faire taire certaines de nos pulsions, souvent incompatibles avec une vie sereine en société.

Mais si ma conscience, qui me permet de connaître qui je suis et le monde extérieur, n’est pas seule dans mon esprit, comment pourrais-je rester transparent à moi-même ? Ou plus simplement, comment pourrais-je me connaître véritablement ? Et comment connaître mon inconscient qui, par définition, n’est pas connaissable ?

C’est la première problématique soulevée par ce sujet. D’autre part, si mes actes sont déterminés par une force inconsciente dont je n’ai pas connaissance, comment puis-je rester libre ? C’est la deuxième problématique soulevée par la notion.

On voit donc que la notion d’inconscient soulève deux problèmes : le premier relatif à la connaissance et le deuxième relatif à la liberté. Mais voyons plutôt comment on peut essayer de dépasser ces problèmes, en commençant par voir quand l’inconscient est véritablement apparu.

II. QUAND EST VÉRITABLEMENT APPARU L’INCONSCIENT ?

Bien que le terme “inconscient” apparaisse vers 1820 et que l’idée soit déjà présente dans la réflexion, le terme ne surgit dans la philosophie occidentale que vers la seconde moitié du XIXe siècle. Descartes affirmait que « je suis une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser », ce qui rendait inévitable l’interrogation sur la constitution du psychisme. Rapidement, les penseurs se sont questionnés sur les différents états tels que la non-conscience, ou l’inconscience et autres états psychiques.

Leibniz a ainsi élaboré la théorie des petites perceptions, selon laquelle notre conscience ne peut accéder à certaines perceptions. Pour le philosophe, les petites perceptions sont comme inconscientes, en-deçà de toute aperception ou connaissance claire. Ainsi, quand j’entends le bruit des vagues, je ne perçois pas le son des milliards de petites gouttes d’eau qui s’entrechoquent ou bien lorsque j’entends un morceau de Beethoven, je ne distingue pas la totalité des instruments.

Un autre précurseur de l’idée d’inconscient, Schopenhauer, évoque la notion du vouloir vivre. Le philosophe a identifié une sorte de volonté intérieure désirante qui conduit l’Homme à vouloir et est également la cause de son individuation, son illusion et de sa souffrance. À la même époque et de façon plus optimiste, Nietzsche parle de la volonté de puissance, une force vitale que la morale ne cesse de vouloir mettre au pas. Il identifie également dans le corps des pulsions positives et négatives qui s’entrechoquent et engendrent l’énergie vitale des hommes et des femmes.

La notion d’inconscient ne prendra toutefois le sens singulier qu’on lui attribue aujourd’hui qu’avec Freud au XXe siècle et la naissance de la psychanalyse. Élève de Charcot et médecin spécialisé dans les maladies nerveuses, Freud constate que des malades présentent des maux physiques qui n’ont pas d’origine biologique ou organique. Il en déduit que si l’origine du mal n’est pas corporelle, elle ne peut être que psychique. Pour lui, il paraît indiscutable que le corps traduit de façon symptomatique ce que l’esprit ou la conscience ne parvient pas à concevoir.

Pour illustrer cela, Freud analyse le cas d’Elisabeth, sa patiente de 29 ans qui souffre de douleurs aux jambes qu’aucun médecin ne peut soigner. Après avoir pratiqué une auto-analyse, Freud et la patiente se rendent compte que la jeune femme est amoureuse de son beau-frère. Les douleurs apparaissent d’ailleurs lors d’une promenade avec ce dernier. Freud comprend que la haute moralité d’Elisabeth l’a empêchée de prendre conscience de ce sentiment amoureux, et que les douleurs disparaissent une fois que la jeune femme en est consciente.

Freud considère qu’il y a un désir inconscient qui s’exprime dans le corps lorsque la conscience ne peut pas valider ce désir. Cela signifie que dans l’esprit figure autre chose que la conscience, comme le souligne le psychanalyste lorsqu’il évoque les rêves, les lapsus et les actes manqués. Les associations d’idées, la paramnésie et l’impact des images subliminales sont également des exemples de manifestations de l’inconscient.

Freud est considéré comme le véritable théoricien de l’inconscient. Pour lui, les rêves, les lapsus et les actes manqués sont des preuves de son existence. Il a inventé la psychanalyse, méthode imparable pour accéder à l’inconscient et soigner des maux sans cause organique. 

III. QUI SONT LES DÉTRACTEURS DE L’INCONSCIENT ?

La théorie de Freud, apparue au début du XXe siècle, n’a pas manqué de rencontrer de nombreux opposants. Parmi ceux-ci se trouvent les existentialistes, avec en tête de file Jean-Paul Sartre. Celui-ci a bâti son système philosophique sur l’idée que l’homme est libre et responsable. En démontrant que l’homme est animé par des pulsions qu’il ne peut maîtriser, Freud a remis en question les théories des existentialistes.

Pour expliquer sa théorie, Freud avait créé une première topique, une représentation imagée de l’appareil psychique. Selon lui, notre esprit est composé de trois instances : l’inconscient tout en bas, le préconscient au milieu et le conscient qui se trouve au sommet. Dans l’inconscient se trouvent nos pulsions et l’origine de nos désirs. Cependant, notre esprit possède un censeur, le gardien, qui refoule tous les désirs inacceptables. Ces désirs peuvent parfois arriver à notre conscience par des moyens détournés tels que le rêve, le lapsus ou encore l’acte manqué.

Le gardien est précisément ce qui permet à Sartre de contester la théorie de Freud. Selon l’existentialisme, il est inconcevable qu’un élément conscient soit présent dans l’inconscient, ce qui serait contradictoire en philosophie où l’on n’accepte pas la contradiction.

Freud, pour dépasser la critique de Sartre, a élaboré une seconde topique dans laquelle la figure du gardien a disparu. Désormais, l’esprit est divisé en trois instances : le ça – l’inconscient -, le moi et le surmoi – l’intériorisation de tous les interdits sociaux et parentaux.

Malgré cette nouvelle topique, Sartre continuera à associer l’inconscient à la mauvaise foi. Selon sa pensée, l’Homme peut toujours choisir librement, invoquer l’existence d’un inconscient qu’il ne maîtrise pas serait une façon de se déresponsabiliser et de chercher des excuses.

D’autres penseurs ont également remis en question la théorie de l’inconscient. Alain considère que la volonté libre ne peut que s’exercer librement et que toute pensée qui tend à diminuer cette volonté de vouloir rapprocher l’Homme de l’animal doit être suspectée. Karl Popper reproche à la psychanalyse et à la théorie de l’inconscient leur manque de scientificité, par leur irréfutabilité. Il conteste également le fait que les observations cliniques soient suffisantes pour prouver l’existence de l’inconscient, car elles sont interprétées à la lumière de théories. Pour lui, la théorie freudienne est un dogme, une pseudo-science.

Cependant, Popper ne rejette pas complètement le travail de Freud et Adler. Il considère que cela pourrait devenir le point de départ d’une science psychologique testable, mais pour l’instant, ce ne sont que des intuitions.

En somme, différentes critiques ont été formulées à l’encontre de la théorie de l’inconscient. Mais il est intéressant de se pencher sur la façon dont notre inconscient limite notre liberté et notre connaissance.

 

IV.L’IMPACT DE L’INCONSCIENT SUR NOTRE LIBERTÉ ET NOTRE CONNAISSANCE

Tout d’abord, la théorie de l’inconscient implique une acceptation difficile. En admettant l’existence de l’inconscient, l’Homme est contraint d’accepter une nouvelle blessure narcissique. En effet, en reconnaissant que l’Homme n’est pas « le maître dans sa propre maison », Freud parle d’une troisième blessure narcissique que l’Homme doit subir.

Freud considère que la science a infligé 3 blessures à l’humanité :

  • Copernic a informé l’Homme que la terre n’est pas le centre de l’univers,
  • Darwin a montré que l’Homme descendait du singe,
  • Freud a révélé que beaucoup de nos motifs étaient inconscients.

En adhérant à la théorie de l’inconscient, on admet que des mécanismes inconnus nous contrôlent, et que notre connaissance de nous-mêmes est limitée. Ce constat est particulièrement flagrant dans certains comportements névrotiques ou psychotiques. Le refoulement de désirs dans l’inconscient empêche l’accès à notre propre connaissance.

Le complexe d’Œdipe illustre cette limitation de la connaissance de soi. L’enfant voue souvent un amour passionné au parent du sexe opposé. Cependant, pour renoncer à ce désir, il le refoule dans son inconscient. Ainsi, une fois adulte, il a probablement oublié cet amour passionné qu’il vouait à son parent.

En admettant l’existence de l’inconscient, l’Homme perd également une partie de sa responsabilité. Il devient affaibli, décentré, et ne peut plus jouir d’une connaissance totale de lui-même. Ce constat pose des problèmes à des philosophes comme Alain ou Sartre, qui ont fondé tout leur système sur la liberté et la responsabilité. De plus, dans le domaine judiciaire, l’accusé peut invoquer la folie pour diminuer sa peine, ce qui remet en question la notion de responsabilité.

Cependant, la théorie de l’inconscient ne doit pas être considérée comme un obstacle à la liberté. Le libre arbitre suppose de posséder une conscience totalement indéterminée, alors que la liberté peut négocier avec certains obstacles ou une certaine forme de détermination. La vie est faite d’obstacles, mais la liberté consiste à chercher et trouver des moyens pour les dépasser.

En admettant l’existence de l’inconscient, il est possible de trouver des solutions pour le dépasser. 

Aussi voyons maintenant la valeur apportée à nos vies par la théorie de l’inconscient.

 

V.LES APPORTS DE LA THÉORIE DE L’INCONSCIENT SUR NOS VIES

La théorie de l’inconscient a permis la mise au point d’une méthode sérieuse pour éclairer certaines zones de notre inconscient : la psychanalyse. Bien que souvent longue, parfois onéreuse et considérée par certains comme une pseudo-science, la psychanalyse a réussi à résoudre certains maux, comme la disparition des symptômes de la patiente de Freud, Elisabeth.

La psychanalyse repose sur le principe que le patient rencontre un psychanalyste dans un cabinet et, allongé dans une position favorable à l’absence de censure verbale, utilise la parole et le transfert pour ramener à la conscience des éléments refoulés. Le patient est encouragé à parler librement, à associer des idées et à interpréter des rêves jusqu’à comprendre l’origine de ses maux. La prise de conscience des désirs refoulés favorise la disparition du symptôme, offrant ainsi la possibilité de vivre mieux et plus librement.

La psychanalyse offre également une opportunité pour donner un sens à nos rêves, même s’ils sont parfois incompréhensibles ou délirants. Selon Freud, elle est la “voie royale d’accès à l’inconscient”, car en parlant de nos rêves avec un psychanalyste et en associant certains éléments, nous pouvons accéder à nos pensées réelles par-delà la censure de l’inconscient.

La découverte de l’inconscient a également renouvelé la création artistique, notamment avec le surréalisme qui cherche à exprimer l’inconscient dans les créations. Le surréalisme a permis la naissance de l’écriture automatique, une technique d’écriture sans censure ni rationalité, ni morale ni esthétique. Salvador Dali a ainsi peint ses rêves les plus fous, ainsi que des sujets tabous pour l’époque tels que la scatologie, l’homosexualité et la masturbation. Freud a également mis au point une méthode pour expliquer les œuvres d’art, en soulignant que l’art est lié à la sublimation et à la déviation des désirs sexuels des objectifs de reproduction.

En somme, la théorie de l’inconscient offre de nombreux apports à nos vies, de la possibilité de résoudre nos maux psychiques à la découverte de nouvelles formes d’expression artistique. 

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