La Vérité - Bac de Philosophie
Afin de te préparer aux épreuves du Baccalauréat de Philosophie, nous allons aborder la notion suivante : La Vérité. Dans cette vidéo, nous allons essayer de comprendre ensemble ce qu’est la Vérité afin de réussir au mieux ton commentaire ou ta dissertation.
La Vérité est un objectif primordial de la philosophie et une notion essentielle du baccalauréat. Elle est également une question qui accompagne chaque jour nos interactions avec autrui. Il n’est pas rare d’entendre tout un chacun s’écrier : “J’ai raison, il a tort ! Il se trompe, elle ment, elle ne voit pas clair, son raisonnement ne tient pas… Ah non, mais là c’est moi qui me suis trompé !”
Parfois, la conviction d’être dans le vrai et que l’autre est dans le faux ne va pas sans réveiller une forme d’agressivité, voire de violence, dans des événements bien réels. Par exemple, les actes terroristes de la France en 2015 qui ont conduit à la mort de civils qui se divertissaient et de dessinateurs d’un journal satirique. Les assaillants jugeaient que les victimes étaient dans le faux en raison de leurs mœurs et de leurs pratiques.
Nous avons également l’exemple du Juste Kalakiev dans la pièce éponyme de Camus (Les Justes de Camus), prêt à tuer le grand-duc Serge qui gouvernait Moscou, mais aussi des innocents – sa nièce et son neveu – pour mettre fin au despotisme et donc à une façon de gouverner qu’il trouvait injuste. C’est pourquoi faire le point sur ce qu’est la vérité n’est jamais inutile.
Dans un sens courant, qu’est-ce que la vérité ? Lorsqu’on dit “j’ai raison”, “il a tort !” au cours d’une discussion, nous nous basons le plus souvent sur un ressenti qui nous fait considérer notre propos comme évident. Cependant, en se contentant de ce critère de l’évidence, qui est une intuition intellectuelle qui se passe de vérification rationnelle, pour revendiquer la vérité de son propos, on risque de se maintenir dans l’erreur. En effet, si je vois de l’eau sur la route en conduisant dans un pays chaud, il me semble évident qu’il y a de l’eau sur le goudron. Mais si je ne fais pas appel à ma raison et à mes connaissances, qui m’indiquent que la chaleur peut provoquer des illusions d’optique, je risque de confondre mirages et réalités.
Comment alors considérer vraie une conviction qui ne fait pas l’objet d’un examen critique de la raison, alors que nos sens peuvent nous tromper ?
Afin d’approfondir notre compréhension de la vérité, dans cette vidéo, nous verrons d’un point de vue philosophique que :
I. La vérité est une affaire de jugement :
a) puisqu’elle est l’adéquation entre un jugement et sa réalité,
b) qu’elle concerne la cohérence d’un raisonnement,
c) qu’elle dépend de la façon dont nous concevons la réalité ;
II. La vérité s’oppose au mensonge.
III. Nous nous demanderons si la vérité existe.
IV. et enfin, nous étudierons l’apport de la vérité.
Tout d’abord, examinons en quoi la vérité est une question de jugement.
I. LA VÉRITÉ EST UNE AFFAIRE DE JUGEMENT
Pour comprendre la vérité, il faut d’abord la distinguer de la réalité. La réalité est ce qui est, indépendamment de notre point de vue. Elle existe de manière autonome. En revanche, la vérité a besoin de la réalité pour apparaître, dans la mesure où elle correspond à l’adéquation entre un jugement et la réalité.
a) La vérité est l’adéquation entre un jugement et la réalité.
Ainsi, si je dis “il fait beau” (mon jugement) et qu’il fait effectivement beau (la réalité), alors je dis vrai. En revanche, si je dis “il fait beau” (mon jugement) et qu’il pleut (la réalité), alors je mens.
En somme, la vérité est ce qui s’oppose au faux, à l’erreur, à l’illusion et à la copie. L’une des raisons pour lesquelles nos jugements ne sont pas toujours vrais est que nos sens peuvent nous tromper. Mais si nous ne pouvons pas toujours compter sur la fiabilité de nos sens, nous pouvons toutefois nous fier à notre raison et notre entendement.
b) La vérité concerne la cohérence d’un raisonnement.
La vérité est également liée à la cohérence d’un raisonnement logique et rationnel. Un jugement cohérent est un jugement logique, rationnellement organisé, qui emprunte à la logique des principes essentiels tels que le principe d’identité, le principe de non-contradiction et le principe du tiers exclu.
Parmi les outils de la logique, le syllogisme est un raisonnement logique reliant trois propositions, le plus souvent deux prémisses qui conduisent à une conclusion. Un des syllogismes les plus célèbres est : “Tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel.”
Cependant, il est important de noter que l’application des règles du syllogisme peut parfois aboutir à des conclusions incohérentes. Ainsi, si la cohérence d’un raisonnement est nécessaire pour établir la vérité, elle n’est pas suffisante, car la vérité doit aussi concorder avec la réalité.
En somme, la vérité dépend également de la façon dont nous concevons la réalité.
c) La vérité dépend de la façon dont on conçoit la réalité.
Il est facile de comprendre que l’identité d’une personne est perçue différemment selon que l’on s’associe à son apparence physique, sa profession, etc., ou au contraire à une réalité plus profonde qui pourrait cacher son masque social. De nombreux comiques, par exemple, sont en réalité des personnes sombres. Louis de Funès était présenté par son entourage comme quelqu’un de taciturne et obsessionnel. On retrouve l’idée que la vérité implique de chercher au-delà des apparences dans de nombreuses pensées et religions à travers les siècles.
La plus ancienne religion, l’hindouisme, véhicule l’idée d’une réalité enfouie, qu’elle nomme le Soi, masquée par le corps, les désirs, l’égo, lesquels sont source d’illusions et de souffrances. Et ce n’est qu’à l’issue de la délivrance du cycle des réincarnations que l’homme sera en contact avec cette vérité. Plus tard, en Grèce, l’idée que l’homme évolue dans un monde d’illusions réapparaît chez Socrate et Platon. Pour eux, la vérité se trouve dans un monde supérieur et intelligible auquel il s’agit, selon la théorie de la Réminiscence, de se reconnecter en retrouvant les Idées ou Vérités que notre âme a autrefois côtoyées avant de s’incarner dans un corps, et de tout oublier.
Au XIXème siècle, l’idée que le monde pensé à travers des concepts par les philosophes est un monde aseptisé, unifié, fort éloigné de la vérité de la réalité, à la fois splendide, cruelle, multiple et chaotique, apparaît chez Nietzsche. Et à la même époque, Schopenhauer emprunte à la philosophie indienne l’idée que nous évoluons dans une illusion entretenue par le voile de Maya, qui nous fait croire au principe d’individuation – alors que pour l’auteur les hommes en vérité sont reliés les uns aux autres. Le principe d’individuation, qui fait croire aux hommes qu’ils doivent réaliser leur vouloir-vivre (leurs désirs) individuel et pour cela se livrer bataille, est la cause de toutes leurs souffrances.
Mais si la vérité résulte du rapport que notre pensée entretient avec le réel, elle se définit aussi comme étant l’opposé du mensonge.
II. LA VÉRITÉ S’OPPOSE AU MENSONGE
Nietzsche rappelle que le menteur est celui qui, à l’aide de bons mots et de raisonnements habiles, va rendre réel l’irréel. Sur les réseaux sociaux, par exemple, on peut mettre en avant un faux self en criant son succès, en postant une photo d’une femme sublime entourée de célébrités, alors qu’en réalité on est un homme moche, désargenté, sans activité et esseulé. À moins d’être mythomane, c’est-à-dire de croire à ses propres mensonges et de n’avoir pas conscience du fossé entre ce que l’on raconte sur soi et qui on est réellement, on ne dit pas la vérité sur soi et on ment sur sa véritable identité.
Cependant, le mensonge peut prendre différents degrés. Si l’on affiche un faux-self ou une image de soi améliorée pour se présenter sous son meilleur jour, et que l’intention n’est pas préjudiciable à autrui, ce faible mensonge ne sera pas condamné fortement par la société. En revanche, si l’on crée un faux profil pour arnaquer des personnes crédules et leur soutirer de l’argent, on atteindra un haut niveau de mensonge, qui sera fortement réprimandé par la société et la justice. On voit donc qu’il existe différents degrés de mensonges qui dépendent de l’intention de l’auteur.
Le fait de dire la vérité semble difficile au quotidien et il peut parfois sembler plus facile de mentir pour fonctionner en société. La série Mytho réalisée par Fabrice Gobert en est un exemple, dans laquelle l’héroïne feint d’avoir un cancer pour attirer l’attention de sa famille, tandis que son mari la trompe pour supporter leurs difficultés et leur enfant ment sur son véritable sexe. Malgré cela, le fait de ne pas dire la vérité est fortement condamné par la morale.
Selon Kant, “l’homme qui ne croit pas ce qu’il dit est moins qu’une chose”. Pour le philosophe, la vérité est un devoir auquel il ne faut déroger sous aucun prétexte, même si l’on ment pour protéger quelqu’un d’une vérité insupportable. C’est le mobile de la mère dans Incendie, la pièce de Wajdi Mouawad, qui a caché à ses enfants qu’ils étaient le fruit d’un inceste et d’un viol. Bien que l’on puisse considérer cette position un peu extrême, dire la vérité semble nécessaire en société sur un plan moral.
Cependant, si l’on peut concevoir l’importance de dire la vérité afin de pouvoir fonctionner au mieux ensemble en société, la question demeure : la vérité existe-t-elle vraiment ?
III. LA RECHERCHE DE LA VÉRITÉ À TRAVERS LES ÂGES
La question de savoir si la vérité existe a été débattue à travers les siècles. Platon et Socrate considèrent que la vérité est difficilement accessible et que les hommes sont ignorants. Le Sophiste, quant à lui, considère que la vérité dépend de la personne la plus douée pour convaincre. Le sceptique pense qu’il existe une vérité mais que l’homme ne peut y accéder, il préconise donc de douter de tout et de suspendre tous les jugements. Descartes, quant à lui, se met en quête de vérités à l’aide d’une méthode rigoureuse qui s’appuie sur le doute. Son doute débouche sur une première vérité : le cogito, qui lui permet de déduire l’existence à partir de la pensée. Il aboutit à certaines vérités, dont la preuve de l’existence de Dieu. Au XVIIIe siècle, Kant démontre que sa preuve de l’existence de Dieu ne tient pas, rappelant les limites et les aptitudes de la connaissance humaine. Pour lui, l’homme peut tendre vers la vérité des choses dont il fait l’expérience, mais la vérité du reste est inaccessible à l’homme. Il est impossible de connaître la chose en soi, en elle-même, de façon objective.
Malgré cela, la quête de la vérité est indissociable de l’homme. Ne sachant d’où il vient ni où il va, la vérité serait un moyen pour lui d’apaiser ses angoisses. Parvenir à établir des vérités serait ainsi vécu comme un apaisement possible. Cependant, la quête de vérité est en chemin, en construction, et peut être remise en question.
La vérité est aussi une notion qui s’oppose au mensonge. Si le mensonge connaît différents degrés, il est condamné moralement de ne pas dire la vérité en société. Cela étant dit, la question demeure : existe-t-il une vérité objective ? Pour Kant, l’homme peut tendre vers la vérité des choses dont il fait l’expérience, mais la vérité du reste est inaccessible à l’homme. L’homme ne peut connaître de la chose que ce qu’il en perçoit à travers son point de vue personnel et limité.
Cependant, Kant souligne que la vérité intersubjective est une forme de vérité qui se rapproche de la vérité objective. En faisant la somme des subjectivités humaines ou des points de vue humains, on peut parvenir à une connaissance intersubjective de la chose étudiée, qui se rapproche de la vérité objective. La recherche de la vérité, même si elle est difficile, accompagne tout un chacun dans son quotidien et son existence. Quelle est donc sa valeur et ses apports pour l’homme ?
IV. L’APPORT DE LA VÉRITÉ
La vérité est une notion complexe qui peut causer des conflits et des comportements déviants lorsqu’elle est motivée par les bas instincts. Par exemple, un amant jaloux ou délaissé peut devenir voyeur ou intrusif pour se rassurer sur les sentiments de son partenaire. C’est également le manque et l’inquiétude qui poussent le Duc de Nemours à épier la Princesse de Clèves dans son intimité lorsque celle-ci se réfugie à Coulommiers.
La vérité peut également être fortement incompatible avec une attitude sociale. Si la princesse ne révèle pas ses sentiments pour le Duc, c’est parce que la vérité est souvent incompatible avec la morale sociale ou l’idéalisation que le surmoi, selon Freud, impose. Ainsi, comme lorsque l’on répond “ça va très bien” à quelqu’un qui nous demande comment ça va, nous cachons souvent notre état réel pour ne pas effrayer l’autre ou le faire fuir.
Parfois, la vérité peut être douloureuse et nous préférons l’enfouir, quitte à couper avec ce que nous ressentons vraiment et afficher un faux-self, comme cela est demandé par la société aujourd’hui selon les magazines people qui présentent des stars riches, belles et heureuses, souvent retouchées.
La vérité est également difficile à affronter lorsque l’on commence une psychanalyse pour faire la lumière sur sa propre histoire. Cela implique du courage et une structure psychique suffisamment solide pour se confronter à soi-même et bouger ce qui nous a constitué jusqu’à présent. Cependant, au-delà de cette difficulté, la vérité comporte un caractère thérapeutique, comme en témoigne l’exemple d’une patiente de Freud qui a vu ses maux aux yeux cesser durant la cure après avoir pris conscience qu’elle avait refoulé sa tristesse le jour de la mort de son père en crispant ses yeux pour s’empêcher de pleurer.
Aujourd’hui, nous portons une attention particulière aux secrets de famille, que nous considérons comme dangereux et générateurs de névroses familiales. Cela montre bien que la vérité sur un parent, une origine ou une histoire peut libérer un individu et les générations suivantes. La fonction libératrice de la vérité apparaît dans le roman autobiographique “Un secret” de Paul Grimbert, dans lequel un lourd secret permet à un petit garçon de santé fragile de trouver sa vocation de psychanalyste.
Enfin, la vérité est nécessaire car elle rend les rapports de confiance entre les individus possibles, ainsi que la construction et la vie en société. En effet, il est impossible d’imaginer construire une relation ou un projet sans partir du principe que notre partenaire dit vrai et que l’on peut se fier à ses paroles.
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