Fiche de lecture : Emile Zola, La Bête humaine, 1890

Fiche de lecture : Emile Zola, La Bête humaine, 1890

Nos fiches de lectures te permettent de réviser une œuvre et de t’en servir dans une dissertation concernant l’un des parcours au programme du baccalauréat. On espère qu’elles te plairont!

La Bête humaine, publié en 1890, est le 17e roman de la série des Rougon-Macquart. Les Rougon-Macquart est une fresque romanesque rédigée par Émile Zola par laquelle il raconte l’histoire fictive de différents membres d’une même famille durant le Second Empire. Chaque membre de cette famille porte un problème héréditaire provenant de ses ancêtres, soit la folie, soit l’alcoolisme. Ainsi Jacques Lantier, le héros de la Bête humaine, porte une pulsion meurtrière qu’il ne peut pas contrôler.

Chaque roman de cette série s’intéresse à un milieu social différent. Dans la Bête humaine, deux milieux sont analysés : celui des cheminots, qui fascine Émile Zola, et le monde judiciaire, le monde des tribunaux et des juges.

Auteur et projet :

Au travers de son cycle des Rougon-Macquart, Émile Zola espère analyser la société de son époque ainsi que l’hérédité. Ses personnages vivent dans des milieux très variés ce qui lui permet de peindre la pleine réalité de son époque, avec des milieux très aisés (ex. La Fortune des Rougon) et des milieux très pauvres (L’Assommoir). Convaincu que l’hérédité joue un rôle énorme dans le développement d’une personne, il crée des personnes issues d’une même faille génétique et veut observer comment ils évoluent, s’ils vont réussir à contrôler leur «fêlure héréditaire».

Citation d’Émile Zola : Le romancier est fait d’un observateur et d’un expérimentateur.

Le romancier est un observateur, car il doit observer et analyser sa société afin d’en comprendre les mécanismes et s’en inspirer dans ses romans. À ce titre, Émile Zola tenait un carnet d’enquête et partait à la découverte de milieux très divers, par exemple celui des mineurs pour écrire Germinal.

Il est aussi un expérimentateur dont le roman est le terrain d’expérience. Ainsi, il crée des personnages et des lieux dont il détermine certaines caractéristiques – ce sont les molécules de son expérience – puis il les mélange. Il confronte des personnes de milieux différents, il fait entrer un personnage dans un milieu social qui n’est pas le sien et développe les conséquences qui lui paraissent les plus logiques : ainsi, en associant ces molécules, il obtient un résultat qu’il peut analyser afin de comprendre la société; le roman est une façon de créer et analyser des dynamiques sociales nouvelles, qui ne s’observeraient pas naturellement.

Cette volonté de créer le roman expérimental est une particularité du Naturalisme, le mouvement crée par Émile Zola. Le roman devient un moyen de comprendre la nature humaine.

La Bête humaine : le résumé

Séverine et Roubaud, son mari, sous-chef de gare, tuent Grandmorin, un homme influent qui dirige une compagnie de chemin de fer, car celui-ci avait eu des rapports sexuels avec Séverine quand elle était plus jeune. Roubaud l’apprend et le tue par jalousie, obligeant sa femme à l’assister.

Mais Jacques Lantier, mécanicien sur la ligne Le Havre-Paris, a vu le meurtre sans se souvenir avec certitudes du visage des meurtriers.

Jacques ressent des pulsions meurtrières depuis son enfance. Elles rejaillissent en particulier lorsqu’il ressent de l’attirance pour une femme. Ainsi, il faillit tuer Flore, sa nièce, lorsqu’il ressentit du désir pour elle.

Le juge d’instruction Denizet, qui enquête sur la mort de Grandmorin, commence à soupçonner Séverine et Roubaud du meurtre, mais il finit par accuser un pauvre innocent Cabuche, qui s’en était déjà pris, verbalement, à Grandmorin, l’accusant d’avoir violé et frappé son amie quand elle n’était qu’une enfant. Cabuche va donc en prison.

Séverine et Jacques développent une relation amoureuse tandis que Roubaud tombe peu à peu dans l’alcool et le jeu après son crime. Jacques est maintenant certain que Roubaud et Séverine sont les coupables du meurtre, mais il ne dit rien, d’abord pour éviter les problèmes, puis par amour pour Séverine. Séverine, qui n’arrive plus à contenir son sentiment de culpabilité, finit par raconter à Jacques le crime qu’elle et son mari ont commis. Cette histoire fait renaître en Jacques ses pulsions meurtrières. Il a de plus en plus de mal à s’empêcher de tuer. Mais il se contient.

Roubaud tombe de plus en plus dans l’alcool et le jeu. Sa présence devient insupportable pour Séverine, qui rêve de refaire sa vie avec Jacques. Elle lui demande de tuer Roubaud, mais il refuse tout d’abord. Il finit par accepter un plan proposé par Séverine, mais se retient de tuer Roubaud au dernier moment.

Entre-temps, Flore, la nièce de Jacques Lantier, follement amoureuse de lui, ayant appris sa relation avec Séverine, décide de les tuer par vengeance. Elle produit un accident qui détruit le train dans lequel les deux amoureux se trouvaient. Des dizaines de personnes meurent, mais Jacques et Séverine survivent. Flore se suicide de désespoir.

Jacques et Séverine sont enfin d’accord pour tuer Roubaud et organisent son meurtre. Mais Jacques, excité par la situation, tue Séverine. Ce seront Roubaud et Cabuche, en liberté en attendant son procès, qui seront accusés d’avoir tué la belle.

Cependant, même Jacques sera rattrapé par la mort. Après le décès de Séverine, il s’est mis à coucher avec Philomène, la maîtresse de son ami et collègue, Pecqueux. Ils se querellent à bord du et s’entretuent. Le train, telle une bête hurlante, continue sa route sans personne pour le contrôler.

La Bête humaine dans le parcours individu, morale et société

Le roman fait apparaître l’injustice de la société : un innocent, Cabuche, est accusé sans aucune preuve matérielle. Un violeur d’enfants, Grandmorin, échappe à tout procès du fait de sa puissance. Ainsi, les accusations, fondées, de Cabuche contre Grandmorin se retournèrent contre le premier.

La volonté d’étudier l’hérédité : Jacques Lantier, fils d’alcooliques, petits-fils d’une «folle», est pris de pulsions meurtrières qu’il ne peut pas maîtriser. Ainsi, l’hérédité est plus forte que la volonté de l’homme, ce qui donne un aspect tragique au roman.

Note : Zola veut étudier la société et l’hérédité à travers ses romans, mais cette «étude» est biaisée et autoréalisatrice : puisqu’il part du principe que la folie et l’alcoolisme sont héréditaires, c’est évident que tous ses personnages vont finir par y succomber. Cela ne démontre absolument pas que la folie et l’alcoolisme sont véritablement héréditaires.

Poids du meurtre : Roubaud tombe dans l’alcool et le jeu à cause de son sentiment de culpabilité. Chez Séverine, le meurtre a conduit à une déchéance morale : elle trompe son mari et prévoit de le faire tuer, ce qu’elle n’aurait jamais fait avant. Il s’agissait d’un couple heureux, mais commettre un crime les a détruits.

Les failles du système judiciaire :

Emile Zola dénonce de nombreuses failles du système judiciaire :

  • Un juge condamne quelqu’un à partir de présomptions, mais sans preuve matérielle

  • L’ambition des juges les détourne de la justice : le juge d’instruction veut à tout prix trouver rapidement un coupable afin de lancer sa carrière.

  • Dans cette société (fin XIXe siècle), les juges ne sont pas promus au mérite, mais au piston : il faut le soutient des bonnes personnes, des personnes influentes.

  • La justice fait tellement peur et elle est tellement aléatoire que les témoins préfèrent ne rien dire pour éviter les problèmes. Jacques Lantier et Camy-Lamotte, l’ancien associé de Grandmorin, avaient tous deux compris que les coupables étaient Roubaud et Séverine, mais ils préfèrent ne rien dire.

La faiblesse des hommes face aux belles femmes : Jacques Lantier et Camy-Lamotte se laissent facilement charmer par Séverine et se laissent ainsi manipuler.

Le lien entre l’éros et le thanatos, c’est-à-dire le lien entre le désir sexuel et la mort, le désir de tuer. C’est un topos ancien de la littérature très présent dans la Bête Humaine. Jacques veut tuer les femmes qui lui plaisent, Flore veut tuer Jacques et Séverine, car elle n’a pas obtenu son cœur.

Décrire les progrès techniques : Dans son roman, Émile Zola veut décrire de façon précise l’univers des trains et des cheminots. Les mots pour décrire son fonctionnement sont précis et il connaît les différents métiers du chemin de fer. Pour rédiger ce roman, Émile Zola a mené une enquête sociologique sur le milieu ferroviaire.

J’espère que tu as aimé ce résumé et cette analyse de la Bête humaine dans le cadre du parcours individu, morale et société. N’oublie pas de t’inscrire à notre newsletter ou à nous suivre sur Instagram ou Facebook pour connaître notre actualité !

Tanguy Gaudeul

Voici les références de l’illustration de cet article :

La gare du Nord, 1908

Ten Cate, Siebe Johannes , Dessinateur

En 1908

Musée Carnavalet, Histoire de Paris

D.4312

CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet

Fiche de lecture : Emile Zola, La Bête humaine, 1890

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